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Une bibliothèque face aux canonsLorsque sa ville est bombardée, que plus une maison ne tient debout, que ses amis, ses voisins, sa famille, s’ils ont la chance d’être encore vivants, se retrouvent démunis de tout, la lecture semble une occupation bien futile. Et pourtant, comme le démontre ce livre, elle peut devenir un refuge, une trace d’humanité dans un monde de brutes, une lueur dans la nuit. A Daraya, en Syrie, une quarantaine de jeunes révolutionnaires, ont sauvé de la destruction les livres appartenant à un professeur et ont créé une bibliothèque souterraine et clandestine. Delphine Minoui, grand reporter au Figaro, a mené ses entretiens avec ces hommes par Skype. C’est passionnant, édifiant et, aussi bizarre que cela paraisse, également réconfortant. Pascale Frey Coup de coeur de o n l a l u
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coup de coeur
Les livres face à l’obscurantisme
Avez-vous remarqué que les extrémistes de tous bords n’ont de cesse de brûler les livres ou, pour le moins, certains livres ? Ces ouvrages synonymes de liberté, de savoir, d’espoir, de culture sont une ouverture vers le monde extérieur qui les dérangent. Il vaut mieux un troupeau de moutons, c’est plus facile à manier.
Delphine Minoui est grand reporter et spécialiste du Moyen Orient. Elle vit d’ailleurs depuis plusieurs années à Istanbul. En Octobre 2015, elle découvre sur Facebook une photo de deux jeunes hommes entourés de murs de livres. Il s’agit de la bibliothèque secrète créée au coeur de la ville de Daraya, ville encerclée et bombardée depuis 2012 par les forces de Bachar al-Assad. Sa curiosité étant piquée, la journaliste va enquêter et finir par entrer en contact par Skype et Whatsapp par les jeunes créateurs de cet endroit. Son récit nous permet de « rencontrer » ces jeunes, engagés dans la lutte contre le pouvoir en place mais aussi contre Daech. Dans cette ville assiégée, affamée volontairement, ils se sont créé un sas de liberté « où la lecture est leur nouveau socle. Ils lisent pour sonder le passé occulté. Ils lisent pour s’instruire. Pour éviter la démence. Pour s’évader. Les livres, un exutoire. Une mélodie de mots contre le diktat des bombes. La lecture, ce modeste geste d’humanité qui les rattache à l’espoir fou d’un retour à la paix. (…)Les phrases frémissent de tous ces mots, ceux de la sagesse, de l’espoir, de la science, de la philosophie, qui résistent à la poudre d’explosif. Parfaitement ordonnés et classés sur les étagères, les mots sont solides, ils tiennent debout, triomphants, résistants, vaillants, crédibles, empreints de vérité. Ils offrent des pistes de réflexion, des torrents d’idées, des histoires pour s’échapper. Le monde entier est à portée de main. » Les livres qui composent cette bibliothèque ont été trouvés dans les décombres des maisons. Ils sont répertoriés, le nom de leur propriétaire noté en première page dans l’espoir de leur rendre une fois la paix retrouvée. Ce récit est passionnant et nous apporte également un éclairage sur la situation en Syrie. A lire absolument. Un documentaire bouleversant.
En lisant ce livre, je me suis rendue-compte de la chance que nous avions de vivre dans un pays ou la littérature est un droit et une liberté, un pays où nous pouvons entrer dans la librairie ou la bibliothèque de notre choix pour nous procurer l’ouvrage de notre choix. Nous ne sommes malheureusement pas tous égaux face à la littérature. Dans certains pays, lire peut être dangereux. Delphine Minoui garde le contact avec ses hommes grâce à skype, WhatsApp et facebook. |
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