La splendeur des Brunhoff
Yseult Williams

Livre de poche
octobre 2018
380 p.  8,20 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Paris était une fête

« 20 janvier 2017. Ce jour-là, rue Monsieur, dans le 7e arrondissement de Paris, j’ai vu danser les plus beaux fantômes des années trente. Christian Dior ajustait le pli d’une robe, Lee Miller, insolente de beauté, posait dans le studio de Vogue, tandis que dans son atelier des bords de Marne, Jean de Brunhoff fignolait une couverture de Babar. Nous venions de quitter quelques instants plus tôt, le bal de la comtesse de Noailles où Jean Cocteau et Gabrielle Chanel riaient aux éclats. » Dès les premières lignes, nous sommes au parfum. Yseult Williams va nous embarquer dans une époque –les années trente- à la découverte d’une famille exceptionnelle -les Brunhoff. Le sujet était en or, puisqu’ils ont appartenu au tout Paris mondain et culturel, mais il était facile de noyer le lecteur dans un flot d’informations justement. Ecueil qu’a fort bien évité Yseult Williams, naviguant avec aisance entre les membres de la famille et leurs différentes passions.

Aujourd’hui, le plus connu reste Jean de Brunhoff, le créateur de « Babar ». Il était peintre, et c’est tout naturellement qu’il illustra une histoire que sa femme avait racontée à ses deux fils de cinq et quatre ans. Ainsi naissait « Histoire de Babar, le petit éléphant », sans que personne ne puisse imaginer que des décennies plus tard, Babar serait le Français le plus connu de la planète ! Lorsque Jean mourra de la tuberculose, c’est son fils Laurent, à peine sorti de l’adolescence, qui reprendra le flambeau…

Dans la partie moins connue, mais tout aussi flamboyante, il y eut Michel de Brunhoff et son beau-frère Lucien Vogel. A eux deux, ils régnèrent sur la presse et le monde de l’art en permettant aux plus grands photographes, aux plus grands écrivains, aux plus grands couturiers de travailler pour les revues qu’ils créèrent, ou dirigèrent sans jamais cesser d’innover : « La Gazette du bon ton », « Le Jardin des modes », « Vogue », « Vu »… Il y aura enfin les heures plus sombres, pendant la guerre où, pour être entrés dans la Résistance, le fils de Michel sera fusillé et la fille de Lucien, Marie-Claude Vaillant-Couturier déportée.

Tout est vrai, Yseult Williams s’est appuyée sur les témoignages des survivants et les archives familiales, et pourtant tout est follement romanesque. Une fois que l’on a plongé le nez dans cette biographie, il est très très difficile de le relever !

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