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« Je te serais reconnaissant de ne plus m’appeler que Truman Capote »Quelle meilleure manière de découvrir un auteur que de plonger dans sa correspondance. Gerald Clarke réunit dans « Un plaisir trop bref » 46 années de lettres de Truman Capote. De l’enfant de 12 ans qui écrit à Arch Persons, son père biologique : « Je te serais reconnaissant de ne plus m’appeler que Truman Capote » à l’homme vieillissant, isolé et alcoolique, se déroule une existence haute en couleurs qui voit le succès de Capote avec « Breakfast at Tiffany ‘s », sa consécration en 1966 avec la parution de « In cold Blood » (« De sang froid ») et le bal « Black and White » qu’il donne le 28 novembre à l’hôtel Plaza de New York. Capote fut à tu et à toi avec les grands de ce monde : les Kennedy, les Chaplin, Cecil Beaton, les Agnelli, Tennessee Williams, Marylin Monroe. Loin de n’être qu’une « pipelette mondaine » à la plume vipérine, il se révèle un homme complexe à l’amitié indéfectible mais surtout un écrivain acharné, d’une exigence sans concession pour ses textes. Son amour des mots, sa faculté à croquer en deux temps trois mouvements une situation, une personne, un lieu confère à ce volume un charme fou : « Une Venise de neige, une Florence de pluie, une Rome hors de prix, une Naples d’escrocs. » « Gide, un charmant vieux monsieur assez fantomatique. » « Je ne parviens pas à croire à la mort de Marilyn Monroe, une femme d’un si grand cœur, d’une pureté absolue qui rejoignait si parfaitement la cohorte des anges. » Ce qui n’évite pas ses coups de griffes : « Après avoir lu le dernier-né de Carson McCullers, « L’horloge sans aiguilles », n’importe quoi paraît brillant. » Coups de griffes qu’il se réserve aussi à lui-même : « Le vaniteux dindon que je suis a la prétention d’être heureux. » Le quadruple meurtre de la famille Cutler dans le Kansas commis par deux malfrats, Perry Smith et Dick Hickock, le fascine et va donner naissance à son chef d’œuvre « De sang froid ». L’accouchement se fait dans la douleur. Capote s’y consacre entièrement pendant 5 ans. Il enquête, interroge policiers et voisins, travaille sans relâche, pesant chaque mot, chaque paragraphe. « Un plaisir trop bref » c’est aussi la révélation d’un Capote, professeur d’écriture qui prodigue à un écrivain en herbe de judicieux conseils : « Il faut que tu écrives tous les jours quoiqu’il arrive. » « Apprend à être simple. Un mot usuel est souvent celui qui convient le mieux. » Spirituel, bourré d’esprit et irrésistible d’humour, « Un plaisir trop bref » est un excellent compagnon de lecture. Voir tous « Les poches de l’été »
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