Maggie Nelson n’a jamais connue Jeanne, sa tante assassinée avant sa naissance. Mais ce meurtre non résolu a pesé sur la vie de chaque membre de la famille, comme il a orienté la sienne.
Jeanne était la sœur de sa mère. Alors qu’elle était étudiante en droit à l’université du Michigan et rentrait chez elle pour le week-end, elle a été retrouvée dans un bois, morte, sans aucun indice qui pourrait conduire au coupable. Du moins à l’époque, en 1969, où les recherches ADN n’étaient pas aussi sophistiquées.
Maggie, hantée par cette histoire, a publié un recueil de poésie, «Jane: A Murder» qui revisite l’histoire de sa tante. Mais aujourd’hui, il y a du nouveau. Il est possible que la police ait, trente-cinq ans après les faits (on est en 2004) retrouvé le coupable, un infirmier à la retraite, qui n’avoue rien, mais ne nie pas non plus. Maggie se voit dès lors obligée de plonger dans un passé bien loin de son présent, d’analyser toutes les conséquences de ce drame sur une famille qui se sent très coupable, parce qu’il y a toujours des raisons de se sentir coupable quand un tel drame survient, et de mener sa propre enquête sur ce qui s’est passé avant, pendant et après la disparition de Jane.
Les Américains se sont fait une spécialité des textes de «non fiction», dont le plus connu reste « De sang froid» de Truman Capote publié en 1966. « Une partie rouge » de Maggie Nelson s’inscrit donc dans cette lignée de récits où tout est vrai, les noms, les faits, mais qui sont traités d’une manière très littéraire.
« Après avoir assisté au procès du suspect en juillet 2005, je ressentis le besoin immminent d’en consigner tous les détails avant qu’ils ne disparaissent sous l’effet de l’angoisse, du chagrin, de l’amnésie ou de l’horreur…», écrit Maggie Nelson. Et voici ce remarquable récit-hommage, jamais complaisant, jamais larmoyant.