C’est avec une profonde jubilation, on le sent à la lecture de ce « catalogue » des méchants en littérature, qu’Isabelle Mimouni s’est penché sur le cas de 40 « pervers, peste, poison, psychopathe, putain, racaille, rosse, sadique, salaud, » j’en passe et des pires.
De la Sophie de la Comtesse de Ségur qui découpe et sale des poissons vivants à Hannibal Lecter, le cannibale, le fossé est immense, mais le plaisir demeure. Ne se contentant pas de présenter pour chaque personnage « sa vie, ses crimes », ainsi que ses différentes incarnations romanesques ou cinématographiques, l’auteure analyse de manière subtile et enjouée le comportement de ces méchants dont on sent bien , au fond, qu’ils lui sont sympathiques.
En effet, sans ces êtres négatifs de papier, les héros valeureux auraient bien moins de mérite et ne seraient pas mis en valeur.
Isabelle Mimouni débusque celui qui, à ses yeux, est le pire salaud dans Vipère au poing -hé non, ce n’est pas Folcoche…- et souligne le point commun à toutes ces figures du mal en analysant le cas de Lafcadio, héros gidien : « Ce dernier n’est donc qu’une entéléchie: une figure chargée par l’écrivain d’incarner une philosophie, un discours, une pensée. Il n’existe pas . Exactement comme tous les filous dont nous dressons ici les méchants portraits, et qui nous aident à concevoir, analyser, fantasmer, désirer, repousser, condamner, comprendre, ne pas comprendre et souvent simplement jouer, sans aucun danger. sans même penser à mal. »
L’auteure a pioché dans un corpus très varié d’œuvres classiques ou contemporaines, de nationalités diverses et nous donne bien évidemment envie de les (re) lire, ce qui est malin en diable.Un grand plaisir de lecture à découvrir en Folio.