70 ans après la naissance d’Astérix, » Les chevelues » nous entraîne dans la Gaule romaine.Mais la cité de Lugdunum Convenarum, dans les Pyréenées, n’est pas le village des irréductibles gaulois !
La Pax Romana s’est installée depuis quelques années, la cité semble vivre en bonne intelligence : d’un côté les patriciens, leurs esclaves, leurs artisans ; de l’autre les gaulois. Ces deux mondes ne se mélangent pas mais le chef gaulois, Gedemo participe aux réunions du Quatuorvirat (que l’on pourrait comparer à un conseil municipal) présidé par Hadrianus, ancien sénateur exilé car tombé en disgrâce aux yeux de l’empereur Auguste.
Or, un matin, le corps sans vie de Cracius Vespasianus, fils d’un aristocrate romain, est retrouvé au sommet d’une colline. Le jeune homme était connu pour sa vie de débauche. Il a été poignardé dans le dos par une arme gauloise.
Hadrianus confie l’enquête au centurion Valerius Falco, tout en lui ordonnant de cacher l’arme du crime et de mentir sur l’origine de la blessure mortelle. Ceci afin de ne pas déclencher des troubles entre les deux communautés.
D’autres meurtres vont survenir dans les jours qui suivent : les victimes sont toutes des amis proches de Cracius.
Valerius va tenter tant bien que mal de débusquer le coupable, la tâche lui étant rendue difficile par Hadrianus, qui cherche à protéger sa situation personnelle et les familles des défunts qui ne veulent pas être importunées. La situation va se compliquer quand le propreteur Rufus Riego est envoyé de Tolosa avec une garnison de renfort pour trouver un coupable. Les choses sont très claires pour lui : le coupable ne peut être que gaulois.
Valerius arrivera-t-il à trouver le coupable avant que la situation ne dégénère et que la paix ne vole en éclats ?
Etre transportée au temps de la Gaule était très dépaysant . Déjà par certains termes de vocabulaire qui m’ont renvoyée à mes lointains cours de latin..même si je dois avouer que le lexique placé judicieusement en dernière page m’a beaucoup aidée !
Et puis, je me suis aperçue que j’avais totalement oublié, ou en tout cas ne le percevait plus comme tel, que la Gaule avait été colonisée par Rome : » Je ne doute plus de notre capacité à dominer et à tenir. Mais nous le faisons avec tant de violence que je doute que le prix à payer pour les peuples que nous occupons soit justifié. Je comprends mieux, maintenant, pourquoi Rome règne sur le monde connu. Elle conquiert, certes, mais va au-delà. Une fois un territoire soumis, si éloigné soit-il, elle n’a pas son pareil pour étendre ses tentacules. Elle envoie d’abord ses soldats, puis ses marchands et enfin son administration. Briser, séduire et tenir. »
Ce que j’ai trouvé intéressant dans ce roman, c’est le questionnement du centurion Valerius par rapport à Rome, son mode de fonctionnement, son rapport avec les aristocrates, leurs mensonges, leurs bassesses, son désenchantement quant à sa vie de militaire toujours loin de chez lui : « Le service de Rome m’a appelé loin de vous, a exigé de moi ce sacrifice. Et si cela n’avait été que pour la gloire de quelques-uns, si cela m’apparaissait aujourd’hui comme une supercherie, après toutes ces années passées à croire en une vérité pour laquelle j’ai abandonné les miens. Tout est si confus. Je suis las de cette vie mais je n’en connais pas d’autre. »
» Les chevelues » est un polar original par le choix de la période historique. Epoque que l’on a quelque peu oubliée. A redécouvrir.