Ramené de Sumatra à Nantes par le capitaine de navire Van Iseghem, puis convoyé en berline-poste jusqu’au Jardin des Plantes à Paris, il n’avait que quelques mois quand il devint une célébrité. Le tout-Paris a défilé devant lui ; Mérimée et Stendhal l’ont trouvé craquant ; l’Académie des Sciences lui a consacré plusieurs séances, le sculpteur Jean-Pierre Dantan l’a introduit dans sa collection de statuettes et le Théâtre des Funambules lui a joué la pantomime. C’est en l’observant dans sa cage que le grand naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire —celui qui achemina la célèbre girafe Zarafa— arriva, avant Darwin, à la conclusion que l’espèce humaine ne doit pas être tenue à l’écart des autres mammifères…??
Jean-Charles Cozic est journaliste et passionné d’histoire. Auteur d’une longue étude sur « La Presse à Nantes » et d’un essai sur les balbutiements du monde syndical, il réalise là, avec ce cinquième livre, une enquête passionnante et fort documentée. À travers les mésaventures du capitaine Van Iseghem et de son protégé, l’orang-outan venu de la lointaine Sumatra, il permet de redécouvrir un XIXe siècle trépidant en pleine révolution sociale et scientifique. Et les hommes de science autant que les philosophes, réunis à Paris, en voyant cet être étrange quasi à notre image, commencent à se poser la question de la véritable place de l’Homme. Darwin n’a pas encore donné sa réponse, mais déjà le créationnisme est mis en doute et la sélection naturelle envisagée. Jocko prend une place importante dans cette thèse qu’il reste à démontrer.
L’auteur dans un style incisif, sur un ton badin, nous fait rapidement partir sur les traces de ces Nantais coureurs d’océans et d’aventures. Et on ne les lâche qu’à la dernière ligne en regrettant que notre siècle n’engendre pas autant de découvertes. Un petit livre amusant et étonnant à lire…