«Secrète » rime avec « discrète ». Et lorsque Dominique Bona nous propose ses « vies secrètes », c’est avec discrétion et beaucoup de délicatesse, que l’académicienne se promène dans son passé à travers les biographies qu’elle écrit avec passion depuis quelques décennies. Chaque livre, chaque personne dans l’intimité de laquelle elle est entrée, a d’une certaine manière modifié le cours de sa propre existence. Tout a débuté avec Romain Gary, une proie de choix. Nous sommes en 1971 et, après avoir dévoré ses romans, elle décide alors de pousser plus loin l’aventure et de raconter le parcours hors normes de cet homme hors du commun. Elle se rend à Majorque, où il possédait une maison, et se heurte aux premières difficultés. Plus elle tente de cerner le personnage, plus il lui échappe. Elle aurait pu se décourager, elle perséverera et cette expérience lui donnera le goût de s’intéresser davantage à la vie des autres qu’à la sienne. Ou plutôt, comme ce récit tenderait à le démontrer, à essayer de mieux comprendre sa vie à travers celle des autres. Des personnalités, elle en a « fréquenté », et pas des moindres : Paul Valéry, et son grand amour Jeanne Voilier, Berthe Morisot, peintre et mère de talent, Stefan Zweig, l’écrivain le plus secret et le plus mystérieux qu’elle ait jamais lu ( « tout ce que ce grand neurasthénique a écrit a une puissante force de consolation »), André Maurois, Camille Claudel et son frère Paul, Gala Dali à qui, lorsqu’elle avait quinze ans et passait ses vacances à Cadaqués, elle rêvait de ressembler, Colette qui lui a montré que le bonheur est à portée de tous. Une vie est tissée de hasards, d’amitiés, d’amours qui, chacun à sa façon vous imprègne. Ce sont à travers ce petits cailloux semés au fil des années, cette farandole de personnages se tenant par la main, que Dominique Bona a choisi de se dévoiler. Laissons la phrase de la fin à François Nourissier qui lui murmura, lors de l’une de ses dernières visites: « Dominique, la biographie…, c’est par là que vous nous livrez les secrets de votre cœur. »