Comment guérir de l’enfance, surtout quand celle ci a un goût de paradis avec ses parents pour gardiens du temple ? Poupe, comme l’appelle tendrement sa famille, était un homme au sourire de Clark Gable, aux facéties de Louis de Funès, un manuel aux amis intellectuels, un père aimant à la taloche facile et aux principes éducatifs souvent durs. Comme son fils, il aimait le tennis, les bons repas, les courses de vélos et la mer tiède à la Garoupe. Toute sa vie, il a veillé sur les siens, bâtissant à tout va pour qu’ils ne manquent jamais de rien. Son fils, écrivain se souvient du bonheur tranquille, de l’affection qui les unissait mais aussi du trajet de cet homme hors du commun, venu d’Italie et côtoyant Jean Daniel, Louis Nucéra ou Jean Lacouture.
Une époque où tout paraissait possible
Nostalgie d’une enfance enchantée, chagrin de voir partir celui à qui on n’a pas assez dit « je t’aime mort » dans les bras de morphine, ode à une époque ardue mais plus simple, François Cérésa signe ici plus qu’un livre de deuil : la chronique d’un amour filial sincère et beau, d’une jeunesse passée entre bande de copains et belles voitures, à un moment où tout paraissait encore possible. « Personne ne ressuscite, écrit l’auteur, personne ne peut rien contre la mort.» A part peut être un livre universel qui à mots serrés et comme une prière, offre au disparu le plus beau des tombeaux.