L’histoire : A 17 ans, Faustine est ce qu’on pourrait appeler une adolescente à problèmes. Pendant une période, sa vie n’a été que violence, agressions, vandalisme, mais elle s’est prise ne main et tente maintenant de suivre le droit chemin, en cultivant une passion dévorante pour le Paris du Second Empire. Jusqu’au jour où la police vient la chercher pour identifier un corps, celui de son père. La police conclu au suicide, mais Faustine n’en croit rien, d’ailleurs, elle est même persuadée que ce corps n’est pas celui de son père. La disparition de Louis Treussart a-t-elle quelque chose à voir avec ces mystérieux tracts publicitaires proposant une immersion dans le Paris du XIXème siècle ? Faustine remonte la piste dans les rues de Paris, jusqu’aux tunnels du métro Cité où elle perd connaissance. Lorsqu’elle rouvre les yeux, elle se trouve toujours à Paris, mais 150 ans plus tôt. Cité 19 est une immersion totale dans le Paris du XIXème siècle. C’est un déluge de couleurs, d’odeurs, de tissus, d’argot. C’est toute une époque qui nous est racontée de manière simple, et passionnante, mais jamais indigeste. Le sol tremble sous les travaux du baron Haussmann, les cabinets de curiosités pullulent, la tour Eiffel n’est qu’à l’état de projet, les bonimenteurs déclament les nouvelles du jour pour les illettrés, l’absinthe coule à flots, l’Empereur Napoléon III est à la tête d’une France plus affamé que jamais. Sans s’en rendre compte, on en apprend à toutes les pages et sur tous les sujets, mais c’est surtout sur la vie du petit parisien que l’on en apprend le plus : les métiers, les habitudes, les expressions, les tabous, la mode. Stephane Michaka nous décrit les scènes de rues avec une telle aisance, qu’on croirait les voir se dérouler sous nos yeux. Faustine est une héroïne qui en impose. Le choc de ce voyage dans le temps dépassé, elle va vite s’adapter et comprendre comment le Paris du XIXème tourne. Elle réalise très vite, par exemple, qu’en tant que fille, on ne lui laissera pas être autre chose qu’une épouse, une couturière, une lavandière, ou pire encore une « sur le dos », pour reprendre le jargon de l’époque. Notre vision moderne de la société se retrouve alors confrontée à cette image de la femme objet, dominée par l’homme dans tous les aspects de sa vie, résignée à ne pas être plus que ce dont l’homme a besoin : une couturière, une cuisinière, une mère, un joli minois. Mais loin de se démonter, Faustine n’hésite pas à se travestir en garçon, devenant ainsi Faustin, et à décrocher un poste de journaliste dans l’un des premiers journaux à cancans de Paris. Lorsqu’un tueur en série sévissant dans les bas fonds de la capitale tue son amie, elle se lance à sa poursuite dans un jeu de déductions froides et logiques. Bref, un message féministe à travers une héroïne intelligente, rusée, pragmatique, têtue mais pas insensible, qui ne se laisse pas tourner la tête par le premier beau garçon venu, et qui refuse de se soumettre à l’ordre établi. Au fur et à mesure du livre, on s’imprègne de ce XIXème siècle, on s’y balade. La chasse au tueur en série nous accapare complètement, si bien qu’on en oublie la question principale : Comment Faustine a-t-elle atterri là ? La réponse nous vient passé la moitié du roman, dans un retournement de situation surprenant et intelligent qui nous tient en haleine jusqu’au bout et nous fait nous languir de la suite.