C’est un temps où les enfants sont achetés sur catalogue : vous me mettrez mes yeux, la bouche de son père et pour tout le reste mettez tout comme tel acteur. Hop, on fabrique. On ajoute une belle interface qui de fait grandit si intimement reliée au cerveau qu’elle en devient un organe à part entière, indissociable. En permanence, elle pousse à la consommation, toujours, elle pallie à tout effort. Pourquoi apprendre, quand toute information se présente d’elle-même en tête, pourquoi discuter quand on peut tchatter en temps réel, pourquoi se toucher quand on peut ressentir en téléchargeant les souvenirs des autres, pourquoi penser, à quoi cela pourrait-il bien servir ? Titus est un pur adolescent de son temps. Il rencontre Violet, dont les parents ont refusé – dans un premier temps – de subir l’interface. Elle l’a donc eu plus tard, quand elle était déjà une enfant. Trop tard pour que la greffe prenne tout à fait… Interface est une histoire d’amour, tragique, déchirante, dans une Amérique moribonde, où tout fait froid dans le dos et où la séduction des choses brillantes (au sens bling bling) et futiles s’exerce malgré tout. Toute la subtilité est là , dans le paradoxe constant d’une attraction aussi tangible que totalement vaine.