Pour employer le vocabulaire adolescent, on dirait bien que c’est « la loose » pour Déborah, jeune lycéenne qui entre en terminale : sa meilleure amie n’est pas dans sa classe, son chien Isidore – un labrador obèse récupéré sur le trottoir et qui sent mauvais- vient de dévorer toutes ses chaussures, elle ne supporte plus ses parents -déprimés et déprimants-, et elle récolte de très mauvaises notes. Mais il y a pire encore : un soir, elle découvre son père en flagrant délit d’adultère, embrassant à pleine bouche une femme qui n’est vraisemblablement pas sa mère. Alors quand la nuit tombe, après le lycée, Déborah tente d’oublier ses soucis en promenant son chien, mais la nuit, ses cauchemars la rattrapent. Tout commence donc très mal pour la jeune fille, qui avait pourtant fondé d’immenses espoirs sur cette dernière année…
L’humour sauve de tout
En première page, l’épigraphe qu’a choisi l’auteur est tiré des Misérables : « S’il n’y avait pas quelqu’un qui aime, le soleil s’éteindrait ». En effet, malgré ces événements qui semblent catastrophiques, Déborah fait front. Grâce à son caractère fantasque, à ses pensées saugrenues, elle affronte le quotidien avec un humour sans limite, en faisant part au lecteur de ses pensées délirantes mais terriblement amusantes. Et c’est bien en faisant preuve d’autant de dérision que la jeune fille réussit à combattre ses démons. L’héroïne de « Je suis ton soleil », justement lumineuse, optimiste et heureuse de vivre, nous entraîne dans un quotidien riche en émotions, tout au long du roman.
Sujets tabous
Avec un esprit ironique et plaisantin, mais également beaucoup de subtilité, Marie Pavlenko parvient à traiter de nombreux sujets difficiles, parfois même tabous, au sein du lycée : le divorce, l’amour, mais aussi l’homosexualité et la dépression. Tout sonne juste dans ce récit : les dialogues entre les adolescents, leurs réactions spontanées, leur manière de vivre et de faire face à leurs soucis. En choisissant de raconter une année de terminale, de nombreuses journées encore insouciantes avant l’entrée à l’université, l’auteur fait finalement grandir son héroïne. Physiquement et en maturité, Déborah s’épanouit, se cherche et se retrouve, et c’est ce qui plaira sûrement au lecteur adolescent et ce qui le fera s’identifier à ce personnage haut en couleurs.