À l’aube du XVI ème siècle, une jeune fille de quartorze ans à peine arpente les petites rues tortueuses parisiennes en criant « À l’eau ! À l’eau ! Qui veut de ma bonne eau! » ; elle est porteuse d’eau. Deux seaux, qu’elle va régulièrement remplir à la fontaine, pendent de part et d’autre de son corps, pesant lourdement sur ses frêles épaules. Elle s’appelle Pernelle. Malgré la pauvre condition de sa famille, elle a un rêve auquel elle tient fortement : apprendre à lire et à écrire. Depuis qu’elle a trouvé sur le sol un morceau de papier froissé, Pernelle a entreprit d’y écrire les lettres de l’alphabet, qu’elle demande à ses clients…
Voilà qu’un jour, son chemin croise celui d’un étudiant italien, Enzo. Une rencontre qui va donner à sa vie une autre direction car le jeune homme décide de lui enseigner la lecture et l’écriture. Pour suivre ses cours plus aisément, elle entre au service d’une dentellière d’ivoire, moins épuisant physiquement que le métier de porteur d’eau. Et puis, elle fait la connaissance d’Antoine Verard, un célèbre éditeur libraire parisien.
Son enthousiasme sera malheureusement entaché par le décès de son père et l’emprisonnement de sa mère pour sorcellerie. Volontaire, Pernelle continue son apprentissage de la langue et tente d’innocenter sa mère à qui l’on reproche entre autres choses d’avoir donné à son fils des yeux vairons. Va alors commencer un périple qui l’enverra jusqu’en Italie où elle côtoiera Erasme, entendra parler de Léonard de Vinci et surtout travaillera pour Aldo Manuzio qui dirige une grande imprimerie vénitienne – l’inventeur de l’italique et du format in-octavo, ancêtre du livre de poche –.
L’auteure, historienne spécialiste du Moyen-Age, nous plonge dans la réalité de cette période, on s’y croirait. Elle plante parfaitement le décor (la description de Paris à travers son architecture, ses quartiers est très intéressante) essaime des faits historiques, évoque les conditions de travail, les progrès techniques et scientifiques mêlant astucieusement des personnes ayant existé et fictives. Un dossier à la fin du livre revient sur les thèmes évoquées ; les métiers oubliés, les personnages historiques, l’humanisme, l’imprimerie et la médecine. Un roman historique pour les adolescents captivant, instructif et distrayant porté par une héroïne à laquelle on ne peut que s’attacher.
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