Une journée aux autres pareilles, en Sibérie du Sud. Un lac, des animaux, un homme. Rien, quoi. Rien ? C’est bien mal connaître Christian Garcin, ou plutôt Chen Wanglin, personnage de son roman « La piste mongole », qui assume la paternité de ces récits animaliers.
Un homme, donc, mais pas n’importe lequel. C’est Geirg Dordjé, quasi muet et très peu sourd. Lui seul peut communiquer avec absolument tous et n’importe quoi (ou tout et n’importe qui), mais ce jour-là, ce qu’il veut, c’est aller faire la sieste sur une petite île. Où une marmotte sera la proie d’un aigle, dans l’indifférence générale.
Une seule action, 12 points de vue : régal.
Ce livre est absolument parfait pour l’histoire du soir, de 4 à 88 ans. Lu à haute voix, c’est un enchantement de noms croquignolets (Lelio Lodoli, Pandolphe Popovitch, Malmousque Gourbi, Anoushka Petzoula, etc.), de caractères excentriques et de comportements aussi ridicules qu’adorables. A chacune des saynètes un petit mantra sur Geirg Dordjé devient vite l’incontournable moment attendu, et si en tant qu’adulte j’ai traversé le tout avec un sourire de plus en plus large (car il va sans dire qu’on peut aisément transposer), j’imagine sans peine les éclats de rire des petits minots qui se verraient conter tout ça par une voix complice qui accepterait d’en faire des tonnes. D’histoire en histoire le trait est repris, creusé, enjolivé, et à la manière d’un roman choral les personnages apparaissent et réapparaissent, formant vite une communauté de plus en plus sympathique.
C’est plein de fantaisie, joyeux, ça sent le soleil et la bonne humeur, on ne le lâche pas !