Cette histoire nous parle d’un voyage. Un parcours étonnant, celui d’un enfant conduit par un géant qui, un matin, vient le prendre par la main pour lui faire découvrir le monde. Mais en disant cela, on en exprime déjà trop, et si les illustrations priment sur le texte, c’est peut-être pour laisser la place à l’imagination… En réalité, « Comme un géant » nous donne à lire des phrases, des mots qui font rêver, comme une poésie d’enfant. Page après page, le héros suit le géant, qui se métamorphose au grès des paysages que le couple traverse, toujours uni, escorté par des oiseaux, poissons et autres animaux qui les accompagnent dans leur périple. D’abord, il le fait quitter la ville, traverser l’océan ; affublé d’une cagoule en forme d’oiseau, le héros suit le géant aveuglément, en communion avec la nature, le temps d’une journée, puis « frissonnant de joie » lorsqu’il sera temps de rentrer chez soi.
L’atmosphère est calme, paisible. On se sent bien dans ce récit, écrit au futur, puisque comme l’énonce le narrateur, fièrement : « nous prendrons le temps ». Au tout jeune lecteur le loisir d’observer alors attentivement les dessins, pour repérer un nuage, un arbre ou une maison, tout ce qui fait le monde qui l’entoure. Étrangement, le récit nous fait penser à un jeu d’enfant, comme si le héros n’avait pas bougé de sa chambre, mais qu’il s’inventait lui-même un univers, en se déguisant. Les mots rares mais précieux de Marc Daniau et Yvan Duque nous transportent et nous font réfléchir, aussi, sur ce monde en constant changement : Prenons-nous encore le temps ? Pouvons-nous, à l’image d’un enfant, nous inventer encore un monde, un voyage, une histoire ? Sommes-nous encore sujet à l’émerveillement ?