Les « Contes de l’Alphabet » sont à l’arbre du temps ce que les mots puisent dans le sablier légendaire. Emmanuelle et Benoît de Saint Chamas délivrent des contes enchantés. Ils s’ouvrent à l’orée de la vie, à l’instar des chuchotements, lors des veillées d’antan. Particuliers, chantants, langoureux, moralistes, ils encensent le culte. Par un A inaugural, « L’Arbre qui marchait » et son incipit : « Avez-vous déjà passé une nuit dans une forêt » incite l’enfant à retenir le langage qui s’annonce hors du temps et de l’espace. « Dans une ville d’Orient en des temps reculés régnait un sultan qui s’appelait Topkapi ». Le D déploie un conte où la sagesse excelle. Intuitif ce dernier guide le jeune lecteur le lisant ou l’écoutant vers un astre hédoniste. La magie de ce premier volume (au nombre de 3) relève d’une chaîne littéraire et universelle. Maillon après maillon, ces contes se relient en corde livresque, empreint d’une pertinence des plus subtiles. Un personnage passe la muraille et s’introduit dans le conte suivant, à pieds joints, en silence, en tendant les mains, en écho d’un bruissement ou mystère. Cet album peut aussi se dévorer en grappillant un conte par ci par là. Il prend sa gravité dans le fond des histoires. Ludique, sa forme reste attrayante. Ayant obtenu « Le Prix Exupéry Valeurs Jeunesse » il prouve que les contes sont bénéfiques et détiennent les clefs qui ouvrent le champ des valeurs humanistes. Les illustrations de Quentin Gréban expressives et délicates, toutes de noir et de blanc sont au mot le miroir visuel d’histoires intemporelles. La transmission approuvée, ces flamboyances sont le consentement d’un héritage hors pair. Publié par les Editions Du Jasmin ce recueil est un écrin pour des nuits douces à venir.