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Un « livre des visages » d’une richesse inouïe.
Livre pour enfants? C’est un album pour enfants dès son titre, « J’aimerais », expression courante durant l’enfance. Il réunit trente-trois peintures de visages, tous nommés par l’autodidacte Ingrid Godon, la plupart du temps cadrés serrés, yeux écartés, lèvres souvent fines. Il s’agit en majorité d’enfants, Alice, Oscar, Léonard, Marcel, Nora, Anton, les jumelles Marie et Rose, mais on croise aussi quelques adultes, Suzanne, José, Joseph… Des dessins libres et des croquis apparaissent ci et là.
Ce qui frappe tout de suite, c’est l’air de famille des modèles. Il sourd de ces portraits une douce mélancolie, un léger sérieux, un côté ancien, presque suranné. Pas de sourire mais des regards qui scrutent le lecteur. Face à ces tableaux, des textes courts et bien troussés, souhaits dictés par les traits graves, qui questionnent la condition humaine. Alice se rassure sur sa mort. Oscar interroge sa foi en Dieu. Léonard rêve de mystères. Marcel veut être le garçon aux mille alibis… Qui ne s’y retrouverait pas? Et plus on en voit, plus on a envie d’en dénicher d’autres. Et plus on en lit, plus on a envie d’encore en découvrir. Tant on se reconnaît dans ce « livre des visages ». « J’aimerais » est aussi un beau livre par l’excellence de sa confection. Une feuille de calque estompe le portrait de Jean en couverture, le papier est de qualité, beau le format. Typographie et mise en pages extrêmement soignées rendent honneur à la qualité des images et des textes; poussées à ce point, c’est rare. Mais quel plaisir de tourner des pages si bien pensées, de tomber sur des calques vert clair imprimés de la phrase fil rouge, « J’aimerais », en rouge justement. C’est classe et réjouissant. Ce qui est original dans cet album bien épais, qu’on lit et relit avec bonheur, c’est qu’il a été entamé par les dessins d’Ingrid Godon. Ses saisissants portraits sont nés après qu’elle se soit imprégnée de vieilles photos de famille en noir et blanc. On remarque aussi l’ascendance ainsi que l’influence des portraitistes italiens et flamands. « J’aimerais » est un ouvrage magnifique, qui pose plein de questions et y répond à sa façon, magnétique comme les portraits qu’il présente. Un « livre des visages » d’une richesse inouïe. Retrouvez Lucie Cauwe sur son blog |
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