Je pense que l’aspect le plus compliqué à aborder dans cette lecture est le style choisi par l’auteur. Sa plume a l’air plutôt fluide pourtant mais elle a choisi de faire des chapitres très courts, avec souvent des phrases courtes également et surtout de changer de point de vue à chaque chapitre.
Cette alternance peut être intéressante puisqu’avec cinq personnages principaux, on peut découvrir chaque personnalité au fil de l’histoire. Malheureusement, chaque personnage a son type de narration : les chapitres d’Autumn par exemple ont un point de vue à la deuxième personne (ce qui est déjà, en soi, pas facile à lire) et ceux de Fancy sont à la première personne.
Dans l’ensemble, ce changement de narration m’a permis de comprendre de quel personnage on parlait, puisque l’auteur ne donne aucune indication précise en début de chapitre, mais il m’a fallu un petit temps d’adaptation.
L’avantage du style de N. Mazer est le fait que l’on peut apprendre à connaître chaque personnage un par un. Les cinq sœurs ayant toute un âge différent, leurs préoccupations sont assez éloignées les unes des autres.
J’ai bien aimé Autumn (peut-être car c’est elle qui est mise en avant), mais Beauty m’a exaspéré : elle a 17 ans et on dirait que c’est la plus immature de toute, elle m’a semblé très égoïste.
Mim reste très en retrait car je pense qu’elle n’a pas un chapitre où elle est le centre d’intérêt. Elle apparaît par petite touche dans les différents points de vue sans réellement participer à l’action. Fancy est plus difficile à cerner : on nous laisse comprendre qu’elle aurait des problèmes de développement, qui lui donne une attitude très naïve et enfantine.
Pour finir, l’homme que l’on découvre dès le départ est clairement louche mais je trouve qu’il n’a pas été assez exploité.
Au niveau de l’intrigue, il faut attendre la deuxième partie du roman pour entrer dans l’action. Action qui, pour le coup, permet au roman de se classer dans le genre du thriller mais qui reste trop jeunesse pour moi.
Il y a pas mal de sous-entendus sur les gestes de l’homme, qui ne seront peut-être pas bien compris par les plus jeunes… Ce n’est pas forcément dérangeant dans le sens où je ne pense pas qu’il soit nécessaire de mettre des mots crus sur ce genre de choses mais j’ai eu l’impression que son comportement paraissait du coup moins pervers qu’en réalité.
L’idée de départ était à mon avis très bonne mais l’auteur a voulu parler de trop de choses dans un si petit roman. On aborde des sujets très durs (parents démissionnaires, pédophilie, pauvreté, homosexualité, etc.) mais certains ne sont pas traités à leur juste valeur. Dans ce cas-là, j’aurais préféré qu’on reste sur le sujet principal et qu’on le creuse un peu plus.
En bref, le thème principal abordé dans ce roman jeunesse aurait pu être intéressant s’il avait été exploité correctement et sans se disperser. L’action de la deuxième partie rattrape un peu le coup mais le manque d’approfondissement pêche encore.