06h41
Jean-Philippe BLONDEL

POCKET
litt francaise
janvier 2013
158 p.  5,95 €
ebook avec DRM 5,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Le train de la vie

Qu’y-a-t-il de plus horriblement banal que le train de 6h41 qui part de Troyes le lundi matin pour rejoindre Paris ? Et pourtant! Cécile Duffaut ne se doute pas qu’elle va se trouver assise aux côtés de Philippe Leduc. Elle habite Paris et revient d’un week-end chez sa mère, il vit toujours à Troyes et va passer quelques jours chez un ami à Paris. Cécile et Philippe approchent tous deux la cinquantaine et se sont bien connus il y a vingt-sept ans. Ils étaient jeunes et sont sortis ensemble, selon l’expression consacrée à cet âge-là. Leur relation s’est -très mal- terminée sur un calamiteux voyage à Londres. Depuis, ils ne se sont plus revus. Mais cette vraie première relation amoureuse et érotique d’adultes a laissé des traces, pour Cécile surtout, qui n’a plus jamais voulu remettre les pieds à Londres. Aussi, bien calés dans leurs sièges respectifs et mitoyens, tous deux mettent un soin particulier à faire semblant de ne pas se reconnaître. Mais, le temps du voyage, ils réfléchissent.

Leurs voix alternent d’un chapitre à l’autre et les questions surgissent. En quoi cet amour raté a-t-il déterminé leur vie future ? Ils ont depuis, tous deux, été mariés, eu des enfants, construit une vie. Mais, si leur relation s’était passée autrement, qu’est-ce que cela aurait changé ? Evidemment ce thème –le bilan d’une vie au tournant de la cinquantaine- semble rebattu. Jean-Philippe Blondel pourtant le traite avec beaucoup d’intelligence et son livre est tout à fait réussi, avec ce qu’il faut d’humour. Ses personnages sont à la fois archétypiques et singuliers, et la construction de leurs vies, entre hasards, chances et déconvenues, déterminisme social ou familial et choix personnels, est suffisamment crédible pour qu’on se l’approprie. Surtout, l’auteur va à l’encontre de pas mal de clichés, et campe un personnage de femme attachant. Cécile, considérée au lycée comme une fille quelconque et sans grande originalité, a pris son destin en main et, passionnée, a su mener à bien son projet de vie. Elle est aujourd’hui la PDG heureuse d’une société extrêmement florissante. S’il n’y avait ce vieux souvenir d’un voyage à Londres que Philippe est venu malencontreusement ranimer. Lui, il était à l’époque un garçon brillant, très en vue parmi la jeunesse de la ville, et semblait promis à un bel avenir. Pourtant, il ne peut que reconnaitre aujourd’hui qu’il a fait du surplace. Mais ne s’estime pas battu pour autant.

Alors, finiront-ils par se parler avant l’entrée en gare à Paris ?

On l’a lu… mais on ne vous le dira pas.

 

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