Ce conte philosophique explore le Mythe de l’enfant sauvage, du passage du savoir, du rapport de l’homme à l’animalité et l’inverse. Qui est Babel, cet enfant nu sortant de la forêt toujours suivi d’une corneille, celui à qui la forme humaine fut transmise ? Un ennemi, un de l’autre camp ? Car le pays est en guerre, une guerre sale, fratricide, sans limite. Une femme, Ghirzal, l’accepte, l’apprivoise. Passé cette première étape, Yelmat, Rufus, Octave, Lucius, Zelda… lui transmettent le, leur, savoir. A la mort de Didou, sa corneille, sa mémoire, son alter ego, il tombe en syncope. Des sensations, des images, des bribes de son passé lui reviennent qui l’emplissent, le nourrissent pour vivre et manger à la table des hommes. Afin de devenir complètement humain, Babel sait qu’il doit dépasser le stade flair-sensation pour le langage parlé, l’écriture. Ses mentors lui ouvrent les portes, sans pour autant sacrifier son besoin de nature, ni sa communication avec les animaux. Beaucoup de références bibliques dans ce conte philosophique qui devient pamphlet lorsque Sylvie Germain parle des dignitaires religieux, de la vache folle ou de la liberté. Babel se fout de connaître ses origines, n’a pas besoin du soutien d’une quelconque religion. A l’instar des héros de Jean-Jacques Rousseau, la nature, les animaux comblent sa spiritualité. Babel l’enfant sauvage apprendra la vie, saura rester pur, grâce à ses passeurs de savoir, malgré les horreurs dont il est témoin ou victime pour devenir Abel. Une histoire à la limite du fantastique, fantastiquement ciselée, précise.