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Au cÅ“ur du mensongeOn ne sait pas vraiment comment les choses ont commencé, mais il est certain qu’elles ont assez vite mal tourné. Aujourd’hui, celui qui fut longtemps Eric Kennedy, a retrouvé sa véritable identité d’Erik Schroder et il écrit depuis sa prison. Il s’adresse à son ex-femme, Laura, pour tenter de lui expliquer pourquoi il a soudain décidé de prendre la route avec leur fille Meadow, et de ne pas la ramener comme convenu, alors que le week-end se terminait. Pourquoi il n’a tout simplement pas pu se séparer de Meadow, pourquoi il a eu besoin de tout gâcher alors qu’il savait très bien que cette escapade ne pouvait que mal se terminer. Erik et son père sont arrivés aux Etats-Unis à la fin des années soixante-dix, après avoir quitté l’Allemagne de l’Est, abandonnant derrière eux Madame Schroder. Il a fallu oublier, recommencer une nouvelle vie, apprendre une nouvelle langue… Qu’est-ce qui le pousse, ce jour de 1984 (il a 14 ans), alors qu’il remplit un formulaire pour participer à un camp de vacances, à s’inscrire sous le nom d’Eric Kennedy (hommage à l’autre Kennedy et son « Ich bin ein Berliner »). C’est à cet instant que sa vie va basculer dans le mensonge. Pour aller avec ce patronyme bien américain, il s’invente une nouvelle existence et il sera dorénavant obligé de gommer son passé pour se glisser dans la peau de ce jeune « WASP », dont il laisse entendre qu’il est apparenté de manière lointaine à l’ancien président. Plus jamais, jusqu’à ce jour où il se trouve en prison, il n’apparaîtra sous sa réelle identité. Il y a de quoi devenir fou (on se souvient de l’affaire Jean-Claude Romand romancée par Emmanuel Carrère dans « L’adversaire ») et c’est d’une certaine façon ce qui va arriver à Erik-Eric. Au début de son mariage avec Laura, tout feu tout flamme, il réussit à endosser son rôle sans trop de difficultés. Puis il perd son travail, et à partir de là , peu à peu, la façade se fissure, le mariage prend l’eau. La séparation est inévitable, il n’obtient la garde de l’enfant qu’un week-end sur deux, et sa vie ne tourne plus qu’autour de ces deux jours. La plus grande partie du livre raconte leur fugue, et la relation entre ce père et sa petite fille très intelligente, qui comprend sans vraiment comprendre ce qui se passe. Quand le mensonge s’installe dans une vie, tout le reste se retrouve en équilibre instable, et le moindre souffle de vent démolit la fragile structure. C’est cette fragilité qu’explore Amity Gaige avec beaucoup de délicatesse.
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Un geste impardonnable
Schroder, le titre donné au roman est justement le nom qu’Erik, le personnage principal, n’a de cesse de vouloir effacer de sa mémoire. Schroder, un nom qu’il a rayé de sa vie depuis l’ adolescence, un nom lourd à porter qui le renvoie à ses origines, au pays qui l’a vu naître : l’Allemagne. Le mur, la séparation avec sa mère, la fuite avec son père… |
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