C’est une fiction bien sombre que nous offre William Giraldi pour son premier essai en littérature. Une histoire étouffante annoncée comme « implacable » par Dennis Lehane et « impitoyable » par Daniel Woodrell. Bref, de celle que nous sommes nombreux à aimer lire parce qu’elles nous montre un visage totalement imaginaire de la brutalité du monde et, aussi, de la férocité de certains sentiments. D’aucuns comparent déjà ce livre à « Sukkwan » Island, de David Vann et il est vrai qu’il y a des traits communs à ces deux œuvres : une nature sauvage, des personnages qui basculent, des armes à feux… et une fin qui laisse le lecteur pantelant.
Russel Core, écrivain qui a connu un certain succès avec un ouvrage sur les loups, reçoit une demande étrange de Medora Slone, dont le fils de six ans a été enlevé par des loups, comme d’autres enfants dans un bled paumé en Alaska, Keelut.
Core accepte de l’aider. Vernon Slone, l’époux de Medora, ignore tout de ce drame quand il rentre d’Irak où il était allé combattre. D’autres protagonistes traversent cette intrigue policière qui cède régulièrement le pas à un roman plus réaliste. Peinture sans concession de ce grand Nord exsangue économiquement, Keelut est un trou paumé au bout d’un monde sans espoir.
Lorsque la vérité sur la mort du fils de Medora éclate, Marium, le flic local, Core et Vernon Slone se lancent à la poursuite de la responsable. Un déferlement de violence accompagne leurs quêtes croisées.
William Giraldi réussit à teinter sa fiction oppressante de naturalisme et de psychanalyse. Un livre qui aurait pu s’appeler « Loups et tabous ». Un premier texte d’une maîtrise assez incroyable, à ne pas conseiller aux âmes sensibles.