Ayant reçu « Hope » en service de presse, je me suis dit qu’il serait bon de commencer par le commencement. Aussi me procurai-je « Bianca » dans la lecture duquel je me lançais sans trop savoir à quoi m’attendre si ce n’est me remémorer les éloges dont ce roman avait été couvert…
Malheureusement, je ne ferai que rajouter aux éloges déjà fort nombreuses.
Loulou Robert s’est emparé d’un sujet délicat : l’anorexie, le passage en hôpital psychiatrique, l’adolescence, incomprise, massacrée à coup de médicament, le rapport à la mort, le tout à travers la figure de Bianca, son héroïne qu’on retrouvera ensuite dans « Hope ». Tout commence, en tout cas le récit de Loulou Robert, par la tentative ratée de suicide de Bianca. C’est suite à cet acte morbide qu’elle se retrouve en HP.
Bianca raconte alors son année passée au sein de cette unité spécifique pour adolescents dans cet HP de province (nous sommes à Bar-le-Duc, Meuse). Bianca y livre son quotidien, ses rencontres avec le psychiatre, le personnel soignant (qui ne soigne pas tant que ça mais auquel on finit par s’attacher bien malgré soi), les compagnes de chambre plus ou moins éphémères, les garçons de celle d’en face, changeants mais tous (ou presque) subjugués par le charme de Bianca.
Bianca traîne son mal-être et son anorexie au fi des pages mais happe le lecteur dès les premières lignes. J’avoue avoir rarement ressenti une telle charge émotionnelle, installée en quelques lignes sèches dont tout superflus est absent. Qui plus est, cette charge ne faiblit jamais au fur et à mesure que le récit prend son ampleur, que Bianca reprenne du poil de la bête.
Viennent se greffer sur la vie de Bianca deux histoires particulièrement fortes : sa rencontre avec Jeff, un vieux dépressif suite à la mort de sa fille, et celle avec Simon. L’amour prend des chemins parfois tortueux, la vie aussi : il en ira ainsi de la relation entre Bianca et Jeff et de celle entre Bianca et Simon. Ce sont pourtant ces deux rencontres qui vont façonner la Bianca qui finira par sortir de cet HP décrépit, voué à la fermeture pour insalubrité. L’amour prend alors une forme de médicament placebo dont le seul principe actif est le rapport aux autres et donc la sortie de l’enfermement sur soi.
Il est alors temps pour les personnages qui sont encore là à la fin de l’histoire de tourner la page et de pénétrer de pied ferme dans l’espoir de jours meilleurs, dans le récit de « Hope ».
Le texte de Loulou Robert est parfois dur, cru, parfois insoutenable et pourtant il a les accents de la sincérité, de la vérité. Il ne laisse pas indifférent ; le lecteur ne peut pas éviter la collision sensorielle avec ce récit aussi acéré que les côtes saillantes de Bianca, aussi tranchant que le regard porté par Bianca sur le monde qui l’entoure quand bien même il se limiterait physiquement aux murs de l’HP tandis que son esprit, lui, serait en quête constante d’une échappatoire qui ne peut prendre que deux formes : la vie et la mort. Mais ceci est l’objet du second roman de Loulou Robert…