Bon rétablissement
Marie-Sabine Roger

Actes Sud
Babel
mars 2012
221 p.  7,80 €
 
 
 
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Bon rétablissement

Jean-Pierre, veuf de 67 ans, sans enfants, se retrouve hospitalisé le bassin fracturé après une chute dans la Seine dont il a tout oublié. On lui a bien raconté que c’est un jeune homme qui l’a repêché mais il ne se souvient de rien.
Cet homme bougon et misanthrope qui n’était pas enclin à l’introspection va mettre à profit ces moments d’immobilité forcée pour écrire ses souvenirs et faire le bilan de sa vie sous forme de réflexions un peu désabusées mais toujours pleines d’humour. Il dépeint son entourage et la vie à l’hôpital de façon caustique et très pittoresque. L’absence d’intimité, les visites des chirurgiens qui ne voient en lui qu’une fracture à réparer, le ton infantilisant des infirmières, la nourriture infâme… rien n’est épargné.
Dans sa chambre, il y a de l’animation. Et lui qui aimait sa solitude va voir défiler tout un tas de personnages dépeints avec humour et ironie : son frère avec qui il a toujours eu des relations un peu distantes, une infirmière compatissante, une ado obèse et lymphatique qui vient régulièrement lui emprunter son ordinateur, Camille, le jeune homme qui l’a repêché dans la Seine, l’inspecteur chargé de l’enquête qui voit en lui une figure paternelle. Des liens se créent entre ces 4 murs aseptisés et le héros se prend à s’attacher à ses visiteurs faisant fi de ses préjugés pourtant bien enracinés.
L’auteur enchaine les chapitres sous formes de saynètes courtes et désopilantes écrites avec beaucoup d’humour mais aussi de la tendresse pour les personnages. Un sens de la formule et des répliques que l’on a envie de noter à chaque chapitre!

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Jean-Pierre Fabre, soixante-sept ans, se retrouve à l’hôpital avec de multiples fractures. Il est dans un sale état, plâtré de partout. C’est un miraculé, sans l’intervention de Camille, un jeune pédé qui vendait ses charmes sous le pont, il ne serait plus de ce monde.

Mais que faisait-il à cet endroit ? A cette heure ? Impossible de se souvenir.

C’est pourquoi, étant de toute manière « coincé » dans cet environnement inhospitalier, où il n’a rien à faire, il décide d’écrire sa vie, ses souvenirs, son enfance, son parcours. Peut-être qu’à force d’y penser, ses souvenirs reviendront…

Dans ce petit monde clos, nous nous attacherons aux relations humaines, principale caractéristique je pense de Marie-Sabine Roger. Avec beaucoup de tendresse, d’humour, partons à la découverte de personnages attachants ou énervants, c’est selon. Ils remettront les principes et préjugés de Jean-Pierre en question.

Il y a un flic sentimental en manque de père, Myriam l’infirmière attentive et à visage humain, un kiné optimiste, un chirurgien imbuvable, Maëva l’ado qui en veut à son pc et Camille son sauveur.

Une belle brochette de personnages croqués avec humour, humanité et finesse. L’écriture est légère, sans prétention, fluide, de petits chapitres qui nous font découvrir des tranches de vie et du quotidien. Une belle écriture fraîche, pétillante, sans violence et drôle. Que de jolis sentiments. La réalité de la vieillesse, une prise de conscience avec beaucoup de spontanéité et légèreté, cela fait un bien fou.

Ma note 8/10

Les jolies phrases

Mais la mémoire est une girouette, elle est sensible à tous les courants d’air.

Une maladresse qui vient du coeur se pardonne plus volontiers qu’un silence confortable.

Je n’y peux rien, j’ai un tempérament de cheval de labour, j’ai besoin de tirer mon soc et de peiner un peu pour savoir que j’existe. Il me faut de l’air, de l’espace. Et de l’occupation.

Je découvre que la précision de la mémoire n’a rien à voir avec l’importance que l’on attache au souvenir.

Il m’arrive parfois de pousser une larmette. C’est l’incontinence de mémoire, de l’énurésie de sentiments.

Etre seul, c’est aussi ne jamais s’inquiéter pour personne.

On naît roseau, on devient chêne, et on finit de balsa.

Cette fille est une matérialisation de l’arthrose, c’est une douleur chronique à laquelle on se fait peu à peu, mais qui ne vous lâche pas pour autant.

Qui dira la douleur des frères et soeurs aînés, contraints de partager les Carambar, les épaules du père, les bisous de la mère, la banquette arrière de la bagnole, la trottinette et le vélo ? Qui dira à quel point c’est frustrant de devenir, du jour au lendemain, ou presque, et sans l’avoir voulu, celui qui doit
donner le bon exemple ?

Ces petites horreurs, on peur les regarder en face, quand on approche des soixante-dix balais. On n’a plus grand chose à se cacher à soi-même. On a appris à ne pas trop se juger.

On se voyait en cachette, ça attisait la flamme pire que du gros sel. Moins on avait le droit, plus on avait l’envie. Combien d’unions auront été scellées par l’aiguillon de l’interdit et le malin plaisir d’emmerder sa famille ?

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