Cinq vies, cinq parcours de vie.
Xiu est chassée de son école de gymnastique bien que la meilleure de sa classe car On a décrété son père traite au Parti. Elle veut sa revanche et l’aura. Elle deviendra une femme d’affaire très riche. Daxia, sa fille en fera tout autant, comme les 3 autres. Que dire de ces femmes qui ont eu une vie hors toute sentimentalité. Tiziano Terzani l’écrivait dans son excellent livre «Un devin m’a dit »: les chinois sont pragmatiques. Ces cinq vies en sont la preuve parfaite. Foin de tout sentimentalisme, il faut arriver, se sortir de la fange, de la misère, survivre avant de vivre. Mais je ne puis pas dire que ces femmes soient heureuses. Elles marchent en regardant devant, loin devant, jamais en arrière ou simplement pour voir le chemin parcouru et aller encore plus loin. Elles ont fait fortune. Elles ont sacrifié à leur nouveau Dieu : le Dollar. Elles sont homosexuelles dans un pays où cela est très mal vu et punissable, mais, les autorités « tiédissent » (bien sûr, c’est de l’humour) et la chose est tolérée. Le thème le plus fort de ce livre est leur incapacité à montrer leurs sentiments, aveu de faiblesse. Faibles avec leurs enfants mâles, elles sont sans pitié avec leurs filles. Est-ce pour démontrer cela que ce ne sont que des portraits de femmes réussissant leurs vies professionnelles ? Oui la Chine est malade de son pragmatisme, de sa folie de la réussite en laissant derrière elle, l’humanité.
Chantal Pelletier ne s’embarrasse pas de sentiments pour décrire ces vies. C’est âpre, rude, dur. Les phrases sont sèches, pas de romantisme du tout dans ce livre. La Chine s’est éveillée au communisme, elle s’éveille maintenant au consumérisme, mais toujours point de romantisme ! Ce livre est, je pense, une très bonne approche de la Chine moderne, sur l’émancipation féminine et leur arrivée à des postes de décision.