« Avant d’aller dormir, j’ai pris le temps de me remettre le Nobel de la BD. Je ne l’avais pas reçu depuis au moins six mois. C’est un exercice très utile, au niveau de l’estime de soi. »
Dans les prairies étoilées il y a l’univers décliné en déjà plus d’une dizaine de tomes par Merlin, auteur de BD en vue. L’univers qu’il dépeint tient tout à la fois du western et de la SF, traversé par à peu près tous les autres genres, d’ailleurs. Mais attention ! « Créer une fiction, cela ne veut pas dire faire n’importe quoi. La liberté se paye au prix de l’exigence et de la cohérence. La folie doit être plausible, et le délire vraisemblable. La vie se permet bien plus de fantaisies, d’outrances et de bizarreries que ne pourra jamais se permettre un auteur, aussi cinglé soit-il. C’est ainsi et il faut l’admettre. Tout a été créé et tout a été dit. » Dans les prairies étoilées il y a aussi la vraie vie de Merlin, sa soixantaine qui approche, la fermette délabrée qu’il vient d’acheter avec son amoureuse et la mort de son plus vieil ami. Laurent est mort et il était le modèle du héros de la BD, ça déstabilise à plus d’un titre. D’autant qu’il laisse en testament des exigences sur la suite de son double de fiction…
Plus je lis Marie-Sabine Roger et plus j’apprécie sa plume et sa malice.
« Les lecteurs… Mettez une apostrophe, on entend « l’électeur ».
Ce n’est pas un simple jeu de langue, une pirouette. On est lu parce qu’on est élu. C’est le lecteur qui fait l’auteur, et pas uniquement l’inverse. »
C’est un roman qui est bâti sur cette collaboration et qui propose donc une double lecture. Le ton est léger et l’humour partout, c’est joli et parfois même trop, il y a un petit risque de s’agacer. Mais c’est aussi loin d’être lisse et on peut choisir de s’attarder sur les pistes de réflexion soulevées.
Difficile de résister au sortilège, de toute façon. Lire Marie-Sabine Roger fait du bien !