critique de "Des hommes de peu de foi", dernier livre de Nickolas Butler - onlalu
   
 
 
 
 

Des hommes de peu de foi
Nickolas Butler

traduit de l'anglais par Mireille Vignol
Points
août 2016
544 p.  8,50 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Hommes au cœur va[c]illant

« Pour ma mère, et toutes les mères qui mettent des livres entre les mains des enfants », indique Nickolas Butler en exergue de ce livre que les Américains ne liront qu’au printemps 2017 sous le titre « The Hearts of Men ». Car, comme pour remercier les lecteurs de l’Hexagone qui avaient apprécié à sa juste mesure « Retour à Little Wing », cette nouveauté paraît en avant-première en France.

L’histoire est celle de Nelson à différentes étapes de sa vie: adolescent, alors qu’il est un jeune scout martyrisé par ses acolytes de camp de vacances, puis adulte, et enfin un vieil homme. Trois parties principales séquencent ce roman : été 1962, été 1996, été 2019.

Nelson à travers les âges 

Nickolas Butler s’attache tout d’abord à camper un personnage de jeune homme complexe et peu attachant. Nelson est un garçon geignard et pataud qui n’a guère que Jonathan comme ami. Lors de l’été 1962, pères et fils scouts se retrouvent donc au camp de vacances de Whiteside à Chippewa, dans le Wisconsin. Cet été-là, les adolescents devront faire des choix qui, sans aucun doute, détermineront leurs vies futures.

Butler raconte. Parfois avec force détails, notamment pour évoquer cette jeunesse scout, les amitiés masculines remparts à la solitude, les relations toxiques entre adultes dépositaires de l’autorité et la difficulté d’être jeune dans les années soixante. Puis, ellipse de plus de trente ans, une autre de plus de vingt ans. Entretemps, on a retrouvé Nelson responsable du camp de vacances de Chippewa, abîmé par la guerre du Vietnam. Puis, vieux bonhomme toujours dans ce bled du Wisconsin, tandis que Thomas, le petit-fils de Jonathan accompagne sa mère pour des vacances dans ce même camp.

La nostalgie des années soixante

Pour comprendre ce qui lie ces hommes, il faut plonger dans ce roman de plus de 500 pages au cÅ“ur duquel des scouts jouent à la guerre avant d’aller la faire, et les femmes sont à la peine, écrasées par des figures paternelles ou maritales. Dans cette histoire, le choix du bien ou du mal s’inscrit en creux dans les coups et les semonces des pères, les rêves et la force d’aller de l’avant dans la tendresse des mères. C’est enfin un très beau roman sensible, évoquant avec nostalgie les années soixante aux Etats-Unis.

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 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Un portrait de l’Amérique sans concession.

1962, dans le Wisconsin, Nelson 13 ans participe comme chaque été à un camp scout.
Il croit profondément aux valeurs inculquées par le scoutisme, raison pour laquelle il collectionne tous les grades, témoins de son excellence. Il adopte toutes les attitudes et comportements positifs pour lui-même et pour les autres, dans un souci permanent du Bien et de la Justice.
Malgré sa volonté d’intégration, il reste solitaire, devenant un bouc émissaire pour l’ensemble de la troupe.
Réduit au rôle de clairon, Nelson souffre de la solitude, de l’incompréhension. Il sera contraint de faire des choix pour s’affirmer : torturé entre les chemins de la décadence et de la morale….. jusqu’à la trahison.
Mais à 13 ans que sait-on de la vie ?
Devenu adulte, Nelson s’engage dans l’armée et partira combattre au Vietnam. Confronté à la violence et à la mort. Il combattra avec conviction mais y laissera son âme.
Les années passent, ni l’amitié, ni l’amour ne peuvent effacer les blessures.
Sans aucun cliché, l’auteur met le doigt sur les cicatrices de chaque protagoniste, les non dits, les souffrances.
Le portrait d’une société qui peine à évoluer, enfermée dans son puritanisme, aveugle devant sa dépravation, sa perversion.
Une société qui se veut si morale et exemplaire dans un monde de plus en plus violent. Quelle dualité.
Après Retour à Little Wing, le talent de Nickolas Butler se confirme : celui d’un conteur de belles histoires.
Avec un brin de nostalgie, c’est un hommage au coeur de l’Homme.

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