La rédaction l'a lu
coup de coeur
CÅ“ur de pèreEn exergue, une citation de François Truffaut. Une plaidoirie magnifique, issue du film « L’Argent de poche », sur l’amour que les enfants doivent recevoir, quoi qu’il arrive. Élise, l’héroïne de « Deux étrangers », ne s’est, elle, jamais sentie aimée par son père. Un homme tyrannique qui a détruit son enfance puis son adolescence. Un père qui ne la maltraitait pas physiquement, mais qui était capable de lui lancer des mots humiliants, ceux qui font mal, ceux qui blessent à jamais. Élise ne l’a pas vu depuis sept ans. Jusqu’à ce coup de fil bref et péremptoire. Il la somme de venir le rejoindre à Marrakech, où il a refait sa vie. C’est justement une période trouble pour cette jeune femme séparée fraîchement de Simon, le père de ses deux enfants. Sur un coup de tête, et parce qu’au fond elle ne peut faire autrement, elle décide de rejoindre ce géniteur détesté. Au volant de sa vieille R5, elle prend la route. Des centaines de kilomètres pour tenter d’y voir clair. Comment sa mère, juive ashkénaze, pouvait-elle aimer à ce point son mari qui la méprisait? Pourquoi son père reniait-il ses origines algériennes ? Que lui faisait-il donc payer à elle et à son frère, jeune homme sensible qui a préféré fuir très tôt et escalader les montagnes, prendre de la hauteur, loin, très loin de la terrible ambiance familiale? Un long voyage attend Élise : de rencontres insolites en panne de voiture, elle se souvient : réminiscences pénibles et anecdotes hilarantes, questionnements sur sa propre vie devenue bancale, sur ce père qui n’a pas su tenir son rôle. Émilie Frèche nous embarque dans ce « road book » avec une espèce d’allégresse irrésistible, un talent fou. On rit et on pleure, on tremble aussi en imaginant les retrouvailles de ces deux étrangers qui n’ont pas su se comprendre, pas su s’aimer. Viennent également de paraître du même auteur en poche: « Chouquette » (J’ai Lu) et « Le film de Jacky Cukier » (Babel) |
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