Le trio gagnant du département V, le « Cold Case » danois, frappe une nouvelle fois dans cette 4ème enquête. Avec le « dossier 64 » Carl Morck, Assad et Rose vont se trouver aux prises avec un épisode sombre du Danemark sur fond d’eugénisme.
Tout commence par l’agression à la soude caustique d’une propriétaire d’escort-girls, accessoirement sœur d’un ex-membre de la Brigade Criminelle. Il n’en faut pas plus pour que Rose exhume une affaire non élucidée : la mystérieuse disparition en septembre 1987 de Rita Nielsen, alias Louise Ciccone, mère maquerelle elle-aussi. La police avait rapidement conclu à un suicide mais rien n’est moins sûr. De fil en aiguille, le département met à jour les cas de quatre autres personnes qui toutes se seraient volatilisées ce même 5 septembre 1987 et que rien à priori ne relie entre elles.
Parallèlement, comme toujours chez Adler-Olsen, une femme conte sa triste existence. Nete Hermansen n’a vraiment pas été épargnée par la vie. Violée à l’adolescence, elle a été expédiée dans une institution avant d’être internée sur l’île de Sprogo comme des centaines d’autres femmes, jugées mentalement déficientes et sexuellement amorales pour qu’il soit procédé à leur stérilisation de force. Cet établissement met Carl, Assad et Rose sur la piste du dangereux Curt Wad, 88 ans, porte-drapeau d’un mouvement populiste et raciste « René Linier » ou lignes pures et fondateur de la redoutable « Lutte secrète » qui prône la sélection des êtres humains et pratique l’avortement systématique des femmes enceintes considérées comme n’appartenant pas à la « race pure danoise ». Et Wad est prêt à tout pour préserver son mouvement même à s’attaquer à Morck et à ses assistants.
Jussi Adler-Olsen est un véritable phénomène d’édition. Depuis « Miséricorde » ses ouvrages sont salués par la presse, couronnés de prix et attirent un public d’admirateurs toujours plus nombreux. Ce dernier opus ne déroge pas à la règle même si la tension, colonne vertébrale de ses livres, baisse ici d’un cran.
S’inspirant de pratiques eugénistes qui sévirent dans les pays scandinaves à la fin des années 30 et se poursuivirent parfois jusqu’en 1976, Adler-Olsen bâtit une intrigue âpre, reprenant les angoisses suscitées par la résurgence de partis radicaux. Il tricote séparément deux histoires qui finissent par ne former qu’une seule et même trame. Et le coup de théâtre des toutes dernières pages en réjouira plus d’un. La peinture des héros récurrents du département V gagne à chaque titre en épaisseur et Adler-Olsen fait, pour la plus grande joie de ses lecteurs, des révélations sur Rose et son énigmatique jumelle Yrsa.