Bien qu’Elson le père soit un architecte de renom, c’est tout l’édifice de la famille Harding qui s’est effondré. Sa femme et lui sont en plein divorce conflictuel, leur fils homosexuel se perd dans des relations tarifées et Chloe, leur fille, a mystérieusement disparu alors qu’un drame est survenu dans son université. Les fondations familiales étaient en apparence solides, mais là est bien tout le problème, en apparence seulement. Et quand les digues cèdent, ce sont les individualités qui deviennent insaisissables comme des billes de mercure éparpillées que l’on ne parvient pas à ramasser. Où les parents se sont-ils trompés pour en arriver là ? À la faveur du drame de la disparition de Chloe, une réunification familiale pourrait-elle encore être possible ? Parviendront-ils à rassembler leurs forces pour la retrouver?
Avec ce premier roman, le nouvelliste Andrew Porter — lauréat du prix Flannery O’Connor — répond à toutes les promesses qu’offrait son recueil de textes fins et sensibles paru chez l’Olivier en 2011: « La théorie de la lumière et de la matière ». Très joliment intitulé « Entre les jours », ce dernier livre semble avoir été écrit « entre les lignes » en jouant sur ce que la vie quotidienne et domestique génère comme mystères. L’intrigue est construite autour des silences et des mensonges que l’on se fait à soi-même et aux autres. L’auteur déroule son récit avec une grande fluidité, comme « en creux », en le construisant sur les non-dits, sans pour autant que l’histoire soit opaque. Une prouesse en somme. Et quand des réponses sont apportées, elles restent obliques voire évasives, propices à toutes les interprétations possibles. On a le sentiment qu’Andrew Porter s’efforce délibérément de garder secrètes les motivations de ses personnages. II y a là, une volonté de ne pas mâcher le travail du lecteur. Et ça marche. Comme dans la vie il faut accepter qu’une partie de ce qui se joue dans les relations humaines puisse nous échapper. Ce beau roman mélancolique tout en nuances sur les regrets et les remords offre une lecture aussi hypnotique que magnétique. Selon Porter, dans une famille on perd toujours une part essentielle de soi, « on ne la récupère pas, il faut trouver le moyen de s’en passer ». Réjouissons-nous, voici une nouvelle voix de la littérature américaine à suivre…de très près.