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coup de coeur
mot magique : épistolaire
Ca commence comme ça : Pierre-Marie Sotto est un écrivain installé, reconnu, célèbre, quoi, Prix Goncourt (2005, je crois), et là il est en panne. Il reçoit une grosse enveloppe avec, en guise d’adresse d’expéditeur, une adresse mail. Fort civilement (je trouve), il indique à la personne que s’il s’agit d’un manuscrit qu’elle souhaiterait lui faire lire, c’est non, et à quelle adresse peut-il le réexpédier ? En face c’est Adeline Parmelan. Et l’enveloppe ne contient pas un manuscrit… (Hum) (Pierre-Marie) (Au sujet des points de suspension) : « Ceux qui les utilisent me rappellent ces types qui font mine de vouloir se battre, qui vous forcent à les retenir par la manche et qui vocifèrent : retenez-moi ou je lui pète la gueule à ce connard ! En réalité, ils seraient bien embêtés qu’on les laisse aller au combat. De même, ces obsédés des points de suspension semblent vous dire : ah, si on me laissait faire, vous verriez cette superbe description que je vous brosserais là, et ce dialogue percutant, et cette analyse brillante. J’ai tout ça au bout des doigts, mais bon je me retiens. Pour cette fois !« Les miens ne sont pas de cette nature (hé ho !), c’est simplement que je refuse d’en dire trop, et même que je souhaite en dire le moins possible. Car nous ne sommes pas ici dans la romance qui semble se profiler à travers la trame mise à plat (même si…) (oups, encore eux !) (remarquez que je partage l’inclinaison de Pierre-Marie pour les parenthèses) – rien à voir avec Léo et Emmi *, donc; c’est beaucoup plus construit, plus léger et en même temps plus réel. Je les attendais au tournant, ces tourtereaux. Des milliers de pages ont coulé depuis 2010 et je n’avais vraiment pas envie de retrouver quelque chose de cette nature, mais cette correspondance-ci comporte des revirements de situation inattendus et sait boucler la boucle de telle manière qu’on revient sur nos pas relire le début en ne voyant plus du tout les choses de la même façon. Nous ne sommes pas dans un dialogue exclusif, d’autres correspondants se mêlent à la danse et l’écriture (le métier d’écrire) est un élément important et joliment traité. Le tout est tout de même très romanesque, très mais pas trop : on marche ! On cavale, même, et on n’a surtout pas envie de s’arrêter. Mention spéciale au mail « double » du 15 avril, racontant la même après-midi selon deux angles différents, hilarant. Et petites griffes au coeur pour les passages « Nous me manquons » (il faut lire pour comprendre !), que l’on jurerait vécus. Et qui sont profonds, intenses. Un roman très attachant. —- * Quand souffle le vent du nord – Daniel Glattauer
coup de coeur
Irrésistible conte électronique
Ce roman met en scène la correspondance de Pierre-Marie Sotto, prix Goncourt en panne d’écriture, à qui écrit Adeline, une lectrice qui en sait sur lui plus que d’autres. Dans cet « espace de liberté totale » qu’est la correspondance entre deux êtres qui ne se sont jamais rencontrés, toutes les confidences trouvent leur place. L’écriture, et l’envoi de courriers électroniques à l’aveugle, permet aussi d’ouvrir des portes insoupçonnées. Bientôt, un lien extrêmement fort se crée. « Je n’écrirai jamais aussi bien qu’à vous, je le sais » écrit Adeline à Pierre-Marie. A leur échange viennent se greffer les interventions de l’éditeur de Sotto, et de quelques-uns de ses amis et proches. Mais les personnages de ce « conte électronique » pourraient bien se trouver dépasser par leur propre imagination… « Ce que tu as enterré dans ton jardin ressortira dans celui de ton fils », dit un proverbe arabe. Ce qui est enterré finit en effet toujours par sortir de terre… Ce roman est né d’un échange épistolaire entre deux écrivains qui n’avaient rien prémédité. N’ayant pas établi de construction pour ce projet qui n’en était pas un, ils ne savaient pas où tout cela allait les mener. Le lecteur non plus ne le sait pas – sauf qu’il ne peut s’empêcher d’avancer et d’avancer encore pour le découvrir. Car un suspens évident apparaît au fil des courriers qui narrent surtout le quotidien des protagonistes. « Aucun risque que vous puissiez me voir ; je peux donc me montrer. » « Et je danse, aussi » pose de subtiles questions sur l’écriture, le rapport aux lecteurs, mais surtout la transformation de nos vies rendue possible par la protection de l’écran. Un roman positif, moins léger qu’il n’en a l’air, entraînant et très habilement mené. Retrouver Sophie Adriansen sur son blog
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Un petit bonheur à lire d’urgence !
Échangeant par mail, les deux auteurs donnent vie à une correspondance entre un prix Goncourt et une lectrice. L’écriture en attente de l’un rencontre la vie en attente de l’autre. Les secrets se dévoilent peu à peu et l’histoire donne confirmation que si la parole libère le cœur, c’est uniquement en temps et en heure. |
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