Cinq ans. Il a fallu attendre cinq ans pour découvrir le nouveau roman de Nick Hornby mais son héroïne, à elle seule, en vaut la peine. Nous sommes en 1964 et la jeune Barbara Parker, fan de la comique américaine Lucille Ball, n’a qu’une ambition : faire, elle aussi, rire un jour un public. Reine de beauté en province, elle abandonne sa couronne et son titre, prend le premier train pour Londres et, devenue vendeuse dans un grand magasin, rêve aux lumières de Soho. Sa route croise un agent qui croit en elle ou plutôt en ses courbes affriolantes car Barbara a tout de la bombe sexuelle. Son charme séduit deux scénaristes en quête d’une héroïne pour leur nouveau feuilleton TV. Ce sera Barbara ( et Jim ) à la BBC : l’Angleterre des années 60 s’embrase. Celle qui se fait désormais appeler Sophie Straw conquiert le cœur de tous les spectateurs avec ses répliques drôlissimes. Hornby ressuscite le swinging London, l’excitation des premières, les grands triomphes et les vacheries des acteurs entre eux. Sophie tombe amoureuse de Clive, son partenaire à l’écran, qui se morfond dans la comédie alors qu’il n’aime que Hamlet, les scénaristes se disputent et se réconcilient sous l’œil inquiet de Dennis, le producteur mal marié à une femme qui déteste la TV. Après quatre saisons triomphales, la petite équipe arrivera- t -elle à se réinventer ? Cette satire du divertissement populaire fait mouche à tous les coups. Les hommes y ont le mauvais rôle avec une mention particulière pour un critique ronchon horrifié par tout ce qui n’est pas … Sartre. Récit d’une réussite fulgurante, portrait d’une jeunesse en ébullition, « Funny Girl » se mue vers la fin en un constat mélancolique et sensible sur le caractère éphémère de la gloire et l’âge qui vient. Difficile à lâcher et aussi addictif qu’un épisode de « Friends » !