La rédaction l'a lu
En marche vers soi mêmeIl est médecin, écrivain à (grands) succès, académicien. Il fut même, un temps, ambassadeur de France au Sénégal. Autant dire que Jean-Christophe Rufin avait mille raisons et autant de prétextes de rester tranquillement assis dans son fauteuil: un prochain roman à terminer, une conférence à donner, une séance sous la coupole à ne pas manquer… Alors quelle mouche a bien pu le piquer le jour où il a décidé de se lancer dans cette « immortelle randonnée » et d’accomplir le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle? Certes, il adore marcher. Il aime la montagne, il a escaladé pas mal de sommets et puis un jour, alors qu’il se trouvait à Paris, il est entré dans la petite boutique de la rue des Canettes, siège des Amis de Saint-Jacques. L’endroit n’était pas vraiment sexy, le permanencier pas vraiment réveillé, et pourtant, les dés étaient jetés, le virus attrapé, il partirait. Avec un art consommé du suspense et une bonne dose d’humour, l’écrivain nous raconte les grandes étapes de son périple. A plusieurs reprises il a été tenté de renoncer. Il a découvert la compétition entre les « Jacquet » et leur snobisme (des chemins sont plus prestigieux que d’autres), mais il a aussi découvert que ce pèlerinage n’avait plus grand chose à voir avec l’Eglise catholique. Nombreux sont les pélerins qui sont plus en quête d’eux même que de leur foi. Après ces huit cents kilomètres, Jean-Christophe Rufin s’est retrouvé délesté de quelques kilos, mais aussi de pas mal de contraintes. Il s’est allégé dans tous les sens du terme. Je ne sais pas si ce récit qui fourmille d’anecdotes vous expédiera sur le chemin à votre tour (il y a quand même des moments vraiment durs !), mais il a déjà séduit des milliers de lecteurs puisqu’il caracole en tête des ventes. Et puis un pèlerinage par procuration, ce n’est pas mal non plus! L’ensemble des poches que nous avons chroniqués sont ici.
Les internautes l'ont lu
on n'aurait pas dû
Plutôt mortelle, sa randonnée!
Pour avoir fait moi-même le chemin de Compostelle, voici deux ans, je suis désolé, mais obligé de vous dire que la lecture du livre de Rufin m’a consterné. Tout d’abord, je me dis qu’avec ce récit, il peut berner, emporter même, pourquoi pas, les gens qui ne l’ont pas fait et qui rêvent de le faire, ce chemin. « J’ai soudain eu l’intuition que le Fataliste de Diderot ne s’appelait pas Jacques par hasard. »
Qu’apporte le récit de Jean-Christophe Rufin après celui d’Alix de Saint-André ? Plein de choses. Tous deux bien écrits (et c’est véritablement agréable de lire une belle langue bien précise sans jamais être prétentieuse), ils abordent les choses de manière totalement différente (ne serait-ce que parce qu’ils n’ont pas choisi le même itinéraire). Rufin, dans les premières pages, m’a inquiétée : il témoigne d’un humour qui n’augurait pas tellement bien. Mais le ton change au fil des pages, en même temps que sa perception des choses évolue; en cela, c’est très réussi, il adapte son style à ce qu’il a vécu intérieurement. Il réussit de très bons portraits et donne à ressentir ce qu’un tel périple peut provoquer (excellent chapitre « Dans l’alambic du chemin » 8 pages qui décrivent à merveille la catharsis), sans oublier le regard a posteriori, avec quelques temps de recul. Son récit se dévore ! |
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