Catherine Cusset aime appuyer là où ça fait mal, caresser son lecteur à rebrousse-poil, le réveiller de sa torpeur. Bref, Catherine Cusset ne ressemble à personne d’autre ! « Indigo » ne dément pas sa réputation. Elle nous expédie en Inde, où une sorte festival culturel (un peu minable), va servir de détonateur à quatre personnes (deux hommes, deux femmes) dont la vie déjà bien chancelante, se voit définitivement bousculée par ce voyage. Charlotte, jeune réalisatrice, espère découvrir ce qui est arrivé à son amie d’enfance, Deborati, morte-là-bas. Roland, lui, est un ancien nouveau philosophe, qui a connu son heure de gloire il y a bien bien longtemps. Raphaël Eleuthère, romancier autrefois prodige, a tout de l’artiste écorché. Quant à Géraldine, elle a épousé un Indien et a quitté sa Bretagne natale, pour apaiser son mal-être et trouver un équilibre fragile dans le pays de son mari. Elle est chargée d’organiser le séjour des invités. Et voilà nos quatre Français en goguette qui voient un peu stupéfaits les faux-semblants qui dominaient leur vie s’envoler pour atteindre une sorte de vérité. Catherine Cusset a l’art de raconter et d’écrire sans complaisance, ce qui donne toute leur richesse à ses personnages. Quant à la chute, sur laquelle elle a tellement hésité que la parution de son livre a pris des mois de retard, elle est bien sûre vertigineuse.