C’est l’histoire, incroyable, d’un homme diplômé de Sciences Po, docteur en philosophie, qui parle de nombreuses langues, rédige des discours et donne des conférences dans le monde entier mais qui, parce qu’il est autiste, passe pour un benêt. Ou plutôt un demeuré. « Je dois l’avouer, dit-il, de l’avis de ceux qui me rencontrent pour la première fois, je suis idiot. Profondément idiot. On m’a dit que mon seul espoir en pareilles circonstances était de ne pas ouvrir la bouche, et d’espérer que l’autre remarque mon regard, qui, paraît-il, refléterait encore quelques traces d’activité neuronale intelligente. Car je parle en idiot. Trop lentement. Avec de forts accents étrangers… ».
Dans son livre, Josef Schovanec raconte notamment ses déboires douloureux de petit enfant tabassé dans la cour de récré, la panique qui l’étreint lorsque le téléphone sonne, son angoisse face aux changements pouvant survenir inopinément dans son quotidien, ses années sous neuroleptiques, anxiolytiques et antidépresseurs qui l’envoient dans les bras de Morphée « vingt-trois heures trente par jour », le rendent aphasique et lui font prendre une cinquantaine de kilos. Il parle aussi de sa passion pour les bibliothèques, la seule activité sociale qui, pendant des années, lui était accessible, de son amour pour les livres et de son intérêt pour les langues. Un témoignage fort, surprenant où l’humour, malgré la souffrance, est omniprésent.