Je suis Pilgrim
Terry Hayes

Traduit de l'anglais par Sophie Bastide-Foltz
Le Livre de Poche
avril 2014
288 p.  9,70 €
ebook avec DRM 8,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Amateurs de frissons, foncez!

Nostalgique des meilleurs thrillers de Ken Follett, Robert Ludlum ou Frederick Forsyth, amateurs d’espions aventureux et nobles, ne cherchez pas plus loin votre lecture de l’été. Voici un pavé de quelque 650 pages qui vous mènera de Manhattan à la Turquie, en passant par l’Arabie Saoudite, l’Afghanistan, les îles grecques, l’Allemagne et la Bulgarie, sur les pas d’un super-agent sans faille, acharné à déjouer la plus vile des attaques terroristes. Un «page turner», comme disent les Anglo-Saxons, idéal pour la plage, dont seuls vous sortiront la tombée de la nuit ou la brûlure des coups de soleil…

«Je suis Pilgrim» est le premier titre d’un auteur inconnu en littérature, mais qui nous a déjà procuré de grands frissons au cinéma. Terry Hayes, anglo-australien de 62 ans, a écrit les scénarios de deux «Mad Max», de «Calme blanc» (1989, Nicole Kidman), «Payback» (1999, Mel Gibson) «From Hell» (2001, Johnny Depp) et «Flight Plan» (Jodie Foster, 2004). Peu de films, mais plutôt des bons. En dévorant cette histoire ambitieuse, course contre le temps et contre le Mal où il développe plusieurs actions parallèles et joue habilement des retours en arrière, on peut juste regretter qu’il ne se soit pas venu plus tôt au roman.

Sans détours, il nous plonge dans l’action, ce qui est toujours bon signe. Ses deux personnages principaux, le narrateur – nom de code «Pilgrim» – et son ami Ben Bradley, sont appelés sur un assassinat dans une chambre d’hôtel minable à New York. Première surprise : l’un travaille pour une agence de renseignement, l’autre pour le FBI. Un type de collaboration inhabituel, voire peu vraisemblable, mais que va légitimer la deuxième surprise. Le crime a été commis alors que s’effondraient les tours du World Trade center. L’assassin profitant de la panique générale pour frapper et disparaître. Il faut bien les compétences d’un super-espion et d’un super-flic pour y voir clair…

Loin d’une énième variante sur le 11 septembre, c’est un puzzle original et complexe qui se met en place. La froideur de Pilgrim, alias Scott Murdoch, alias Jude Garrett, alias Brodie Wilson, endurci dans l’ombre et la clandestinité, en est une des pièces principales. A la différence de John le Carré et ses héritiers (Charles Cummings, Henry Porter, Olen Steinhauer…), Terry Hayes n’a que faire d’un espion à visage humain auquel le lecteur pourrait s’identifier. Son souci est d’installer une mécanique implacable : la traque d’un terroriste solitaire qui veut frapper l’Amérique au coeur. Face à cet ennemi invisible, il lui fallait un pur archétype de héros. C’est réussi. Et d’un coup, Pilgrim donne quelques rides à Jason Bourne.

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coup de coeur

Addictif, glaçant, intelligent : LE thriller à lire cette année !

James Bond ? Dépassé. John Le Carré ? Ringardisé. Avec Pilgrim, on s’offre une plongée au cœur des enjeux de l’espionnage du XXI ème siècle, un monde dont les codes et les modes opératoires ont été profondément modifiés après les attaques du 11 septembre 2001. Autant prévenir tout de suite : en ouvrant ce livre vous entrez dans une spirale totalement addictive et ses 900 pages vous couperont du monde réel pendant un petit moment. L’auteur dont c’est le premier roman est scénariste à succès pour le cinéma et réussit parfaitement son coup. Un coup de maître !

Pilgrim est un héros foncièrement intéressant. D’abord parce qu’il n’existe pas vraiment, caché voire effacé par les multiples identités de couverture qu’il s’est forgées au fil du temps. Repéré et recruté à la sortie de l’université par une unité d’élite des services secrets américains, il s’est révélé un élément exceptionnel, l’un des meilleurs dans sa catégorie. Jusqu’au 11 septembre et une prise de conscience d’un monde qui change et d’un besoin de vivre autrement. Il a quitté le métier et écrit un livre, sous pseudonyme bien sûr qui fait désormais référence sur le crime et les méthodes d’investigation. Et dont semble s’être inspiré un criminel, quelques années après. Intrigué, Pilgrim se laisse convaincre par l’inspecteur New Yorkais chargé de l’enquête de l’assister sur ce cas. Ce qui le remet dans le périmètre des services secrets alors confrontés à une découverte terrifiante : le virus de la variole, en principe éradiqué a été trouvé sur une scène de crime en Afghanistan. Suspectant un projet d’attaque terroriste d’un genre nouveau, ils se tournent alors vers le seul homme capable, d’après eux de remonter la piste à partir de rien…

New York, Paris, Bodrum, l’Arabie Saoudite, les montagnes d’Afghanistan… Sans aucun temps mort, avec un sens de la narration qui prend le temps d’installer l’intrigue et de creuser les personnages, Je suis Pilgrim nous embarque dans une traque impossible et pourtant totalement crédible. Avec les trois acteurs principaux de son roman, un espion, un flic héros du 11 septembre et un terroriste né en Arabie Saoudite, l’auteur nous décrit parfaitement le contexte géopolitique actuel et anticipe les transformations à venir. Il montre comment se forge un destin de terroriste, comment internet change la donne en rendant accessibles informations et matériels facilitant la mise en œuvre des projets les plus insensés. C’est limpide et glaçant.

Et ça marche. Notamment grâce à la psychologie des personnages, dévoilée finement, sans a priori ni jugement et avec beaucoup d’empathie. Des personnages denses, à la personnalité forgée par les épreuves même si leur courage ne s’exprime pas de la même façon et si leurs motivations diffèrent. Impossible de ne pas se passionner pour leurs aventures même si avec le recul, la démonstration peut effrayer par les dangers qu’elle dévoile et ce qu’elle dit des moyens que nécessite ce nouveau genre de menace. Car, si dans l’histoire il est question d’un livre capable d’inspirer un criminel, que dire de celui-ci ? Souhaitons juste qu’un Pilgrim existe vraiment.

Sur la quatrième de couverture figure cet avis : « S’il n’y avait qu’un thriller à lire cette année, ce serait celui-ci. »(Alibi). Je suis d’accord à 200% !

Retrouvez Nicole G. sur son site

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