Joyland
Stephen King

Le Livre de Poche
juin 2013
408 p.  8,20 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

La vie selon Stephen King

Chaque lecteur a pu le constater, la quatrième de couverture ne correspond pas du tout au contenu du livre et semble avoir été rédigée par une personne qui ne se n’est pas donné la peine de le lire. Tant pis pour lui, mais ne l’imitez pas, vous perdriez quelque chose.

Devin Jones, a vingt et un ans. Il va faire l’apprentissage du monde du travail, de l’amour, de la déception, mais aussi celle de la mort et de la fatalité. A travers une intrigue policière, mâtinée de surnaturel, nous suivons les pas du jeune homme qui, à la suite d’un chagrin d’amour, décide de faire une parenthèse dans sa vie et de travailler dans un parc d’attraction. Il y est apprécié. C’est un bon gars. L’occasion va lui être donnée de sauver des vies et d’accéder au statut de héros mais, tout ça ne serait-il pas un simple concours de circonstances ? A moins que ce soit tout simplement sa destinée, celle que la diseuse de bonne aventure lui a fait entrevoir à son arrivée.

Il y a aussi une légende : la Maison de l’Horreur serait hantée par le fantôme d’une jeune fille assassinée là autrefois. Pourquoi Devin ne parvient-il jamais à l’apercevoir malgré tous ses efforts ? Sans doute parce-que nous ne choisissons pas ces choses là et que le spectre ne semble se montrer qu’aux personnes qui ne vont pas tarder à le rejoindre de l’autre côté. Pour lui, ce n’est pas encore l’heure.

Devin joue son rôle dans le parc, celui du bon gamin qui travaille dur et qui amuse les tout petits, déguisé en bon chien, qui sauve une adorable fillette de l’étouffement mais aussi un sale type puant, qui – de toute façon crèvera quand même -, juste après, mais… pour autant le geste salvateur n’aura-t-il servi à rien ? Qui sait ? Le roman nous rappelle que tout peut nous tomber dessus à tout moment, le meilleur comme le pire, l’occasion peut nous être donnée de briller ou d’être minable, sur notre chemin il peut y avoir la maladie ou l’amour ou même un tueur en série. Il nous martèle cette vérité que nous avons tous envie d’oublier : nous n’avons aucun contrôle sur ce qui peut arriver.

Nous ignorons pourquoi nous sommes là, sur les planches, à jouer dans le grand théâtre du monde, une pièce, un film, un rôle que nous n’avons pas choisi et sans avoir jamais lu de scénario, sans connaître le metteur en scène mais dirigés tout de même par un « ça » qui nous échappe totalement. Il n’a plus le visage du clown mais n’est-il pas plus effrayant encore ? Bienvenue à Joyland ! Bleu, Gentil Assistant, forain, forain de chez forain, lapin, pigeon ou plouc, déguisé ou pas, ici, pour tous, il est possible de faire semblant. C’est un lieu magique où chacun vend ou on achète du bonheur.

Le parc d’attraction, c’est cet espace hors du temps et du monde, où nous faisons mine de croire que Howie le chien gentil, Mickey et les autres créatures imaginaires, sont des êtres réels que nous pouvons embrasser, où nous consultons l’oracle, toujours positif sans le remettre en doute, même si la voyante porte une tenue ridicule. C’est ce lieu où nous prenons tout avec le sourire, où nous choisissons de nous amuser de tout, y compris de ce qui fait peur. C’est cet endroit métaphorique dans lequel nous sommes libres de nous réfugier, en gardant de l’enfance, ce qu’elle a de meilleur à offrir, l’imagination, l’envie de jouer ou de voler car l’écrin de la liberté n’est rien d’autre que notre âme et notre esprit.

Que pouvons-nous faire d’autre que d’accepter de porter la fourrure (le déguisement de chien) et, à l’instar de Devin, le faire du mieux que nous le pouvons, en dansant le Hokey Pokey dans notre Joyland intérieur, en choisissant d’être heureux, car, n’est-ce pas notre seul pouvoir ? Stephen King nous invite à entrer dans la vie comme à Joyland, dans l’intention d’y passer un bon moment. Qu’attendons-nous ?

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