« 1995. Estelle, élève studieuse, est sur le point d’échouer à l’internat de médecine (le sujet tombe pile sur son impasse) quand Josselin, un brillant camarade de promo, échange leurs copies – se condamnant à l’échec et lui offrant la réussite. Pour toute explication, il lui donne un baiser et disparaît. Grâce à ce subterfuge, Estelle est naturellement reçue major au concours.
2012. Devenue une psychiatre de renom à l’hôpital Sainte-Anne de Paris, Estelle mène une existence heureuse avec son mari et son fils. Mais sa vie bascule le jour où, dix-sept ans après ce geste d’une incroyable abnégation, Josselin réapparaît et lui demande de l’aider, à la suite d’une tentative de suicide. Estelle accepte sans bien comprendre si c’est pour s’acquitter de sa dette, par conscience professionnelle ou par amour. […] «
J’avais repéré ce roman lors de sa sortie. Quelques mois plus tard, j’ai saisi l’occasion lorsqu’il a croisé mon chemin. C’est peu dire que j’en ressors déçue…
J’ai trouvé que l’héroïne, psychiatre, manquait singulièrement de jugeote et de modération. Josselin, quant à lui, est très, voire trop, caricatural. Les réactions des uns et des autres (Josselin, Estelle, mais aussi Agathe, sa meilleure amie) sont excessives, de disputes tonitruantes en rabibochages. L’intrigue, où se mêlent allègrement secrets de famille, maladie mentale et guéguerre scientifique, frise parfois l’incohérence (entre mai 1995 et décembre 1999, Josselin a le temps de suivre des études universitaires aux USA, d’exercer deux jobs consécutifs, de prendre conscience du milieu pourri dans lequel il évolue, de créer une coopérative de production de café ou-je-ne-sais-plus-quoi, de fonder des écoles pour les producteurs et leurs enfants, un label de commerce équitable, de se trouver en butte au lobby en place ce qui entraîne une accumulation des stocks, de convaincre les groupements étudiants du bien-fondé de sa démarche et -enfin- d’écouler les stocks en question, qui se retrouveront au pied de multiples sapins de noël. C’est beau, non?. (Il dort, parfois, Josselin?) J’ai trouvé également que les surprises et autres retournements de situation tombaient parfois à plat, tandis que j’en voyais arriver d’autres comme un nez au milieu de la figure, la fin étant cousue de fil blanc.
Quant au style, je déplore l’alternance de chapitres en « je », nous plaçant dans la tête d’Estelle, et d’autres nous montrant la situation de l’extérieur, subterfuge narratif permettant à l’auteur de nous conter parallèlement l’histoire du point de vue d’Agathe, ou du mari délaissé. C’est un procédé narratif, je l’ai déjà dit, qui ne me convainc généralement pas, et ce roman n’a pas dérogé à la règle. En autre, les phrases, lorsqu’il s’agit des pensées d’Estelle, sont courtes, hachées, elles donnent l’impression de claquer, et ont participé, je le crains, à me garder à distance de cette histoire.
Ce n’est pas forcément mauvais, non, j’imagine que d’autres y trouveront leur compte – ne serait-ce que s’ils arrivent à faire abstraction de l’alternance de narrateurs qui, personnellement, me gêne trop pour que je puisse la dépasser. Mais c’est plat, mièvre, et desservi par un personnage principal agaçant, dont le comportement est en totale contradiction avec ce que l’on pourrait attendre d’elle.
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