2008 à Saint-Denis (93), une petite môme de onze ans qui a oublié d’être bête, sa famille, ses copains, les autres, son année de sixième et ses gros cheveux : rebattu, pourriez-vous penser; ce serait sans compter sur l’immense tendresse et la grande justesse qui se dégage de la plume de Cypora Petitjean-Cerf. C’est un roman délicieux (en tout cas, il m’a réjouie) qui vient titiller des petites choses chez son lecteur, qui évoque ces mille et une choses dont sont tissées nos quotidiens et auxquelles on ne prête attention que lorsqu’elles font défaut (le déménagement de Cosimo m’a personnellement brisé le coeur) (et j’ai beaucoup aimé les « normal » de Rabah). Tracey Charles est supra attachante, sa façon de raconter sublime n’importe quel sujet et si elle existait, je n’aurais aucune inquiétude quant à son avenir : quand on pense comme elle, quand on a l’incroyable (et enviable) capacité de ne porter aucun jugement sur autrui* mais d’avoir constamment à l’esprit le souci de s’améliorer, soi, on ne peut que devenir quelqu’un de droit dans ses bottes, un peu comme elle le dit si joliment de mademoiselle Kuntz : « En fait, cette femme est la version parfaite de l’être humain, l’aboutissement de millions d’années d’évolution. Je ne vois même pas pourquoi notre espèce continue à se reproduire puisqu’elle est née. » On retrouve dans ce roman les thématiques déjà entrevues dans les précédents livres de l’auteur, l’agoraphobie, la lente métamorphose, l’amitié, le couple, l’adolescence et la maternité (entre autres), et j’aime beaucoup, en fait, ces fictions successives creusant toujours la même interrogation, progressant à chaque fois; il me semble que c’est même là que s’incarne « la voix » d’un auteur. Une lecture charmante et revigorante, qui se termine un petit peu à l’arrache, mais en fait on aurait voulu que ça dure encore, certainement.