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Du pouvoir de l’habitude jusqu’à la falsification de soi-même
L’héroïne de La condition pavillonnaire est un archétype, celui de la provinciale, épouse, salariée et mère de famille. En un long monologue découpé en grandes parties qui sont les chapitres d’une vie, elle raconte une existence banale autant qu’exceptionnelle dans sa banalité. N’omettant rien de ses rêves, de ses doutes, de ses espérances et de ses désillusions, elle développe ce que la société a établi comme étant les étapes obligées sinon du bonheur, du moins d’une vie digne de ce nom : « D’abord devenir propriétaire, puis aménager, puis se reproduire. » Avec un vrai ton, un sens du détail fascinant et une lucidité troublante, Sophie Divry dit le pouvoir de l’habitude et comment le quotidien peut happer jusqu’à mener l’individu à la falsification de soi-même. Poisson qui tourne vainement en rond dans son bocal, dans le décor de ce pavillon qui, « après bien des épreuves, avait consolidé les murs autour de ta vie », qui écrase et enferme autant qu’il protège, l’héroïne se perd en croyant se trouver, accumule les renoncements en croyant collectionner des preuves tangibles de bonheur qui rempliront l’album-photos. Au rythme des points-virgules qui allongent les énumérations ou atténuent la brutalité des phrases, Sophie Divry interroge magistralement cette obsession contemporaine qu’est réussir sa vie. La condition pavillonnaire est un roman du désenchantement et de la lassitude. Retrouvez Sophie sur son blog |
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