Certains livres vous transportent plus que d’autres. Parfois même vous hantent. Le roman de Marie Ndiaye fait définitivement partie de ceux-là.
Une fois encore, il y est question de femmes, sujet sur lequel elle ne cesse de se questionner, plus précisément de trois femmes. Ladivine est une « négresse », courageuse femme de ménage qui vit à Bordeaux, seule avec sa fille métisse Malinka. Son mari est parti depuis longtemps et elle seule croit qu’il reviendra un jour. Malinka méprise celle qu’elle a surnommé « la servante » mais ne peut s’empêcher de l’aimer. Adulte, elle décide d’effacer toutes traces de ses origines, change de prénom, elle s’appellera Clarisse, change de ville, de vie.
Mais chaque mois, elle retourne voir sa mère, incapable de rompre définitivement avec elle. Elle baptisera même sa propre fille Ladivine, comme cette mère qui lui inspire tant de sentiments contradictoires. Car Clarisse a épousé Richard qui ignore tout de cette épouse dévouée, trop peut-être, qui semble toujours être à côté de sa vie. Et c’est sans doute pour cela qu’il la quittera. Désespérée, elle rencontre un autre homme, le seul à qui elle dira tout, le seul dont il ne fallait pas croiser le chemin. Sa fille Ladivine vit à Berlin. Elle s’est mariée à Marko et a deux enfants. Ils décident de partir en vacances en Afrique, une Afrique moite et terrifiante, qui changera à jamais le cours de leur vie.
Trois femmes donc, pour évoquer le monde fascinant des liens du sang. Une histoire semée de drames, de culpabilité, de destins brisés, mais aussi de rêves et d’amour. Marie Ndiaye est, à n’en pas douter, l’écrivain le plus doué de sa génération. Elle écrit avec une subtilité et une grâce infinies. Il y a de la magie dans ce livre-là.