Quand on lit le résumé au dos du livre, on hésite un peu avant de se décider à plonger dedans. Sans doute une des raisons pour lesquelles ce livre qui m’a été offert a séjourné longtemps sur la table de nuit. et puis voilà, un livre en détrône un autre et on se retrouve à ouvrir ce roman « vrai » d’une auteure inconnue parce qu’il est là. Et qu’il vous fout votre nuit en l’air car il est impossible à lâcher.
C’est une histoire pas franchement marrante que celle de Lidia, qui grandit au mieux entre un père destructeur, une mère alcoolique et une sœur victime, comme elle, de la maltraitance paternelle. De celle qui peut bousiller durablement et donner envie d’en finir avec sa féminité naissante. Heureusement, pour Lidia, il y a la natation, cette eau qui va la sauver. Du moins au début… S’échapper d’une telle enfance, tenter de trouver un équilibre avec l’eau, après de telles épreuves, ne se fera pas sans heurts ni désillusions. Pas sans souffrance non plus. Alcool, drogues et autres excès conduiront Lidia au bord du gouffre. Jusqu’au drame, la naissance d’un bébé mort-né. Comment se relever de tout ça, quelle force puiser, et où ? Auprès de qui ? Lidia nous raconte tout, la rencontre avec Ken Kesey et ses ateliers d’écriture (l’auteur de Vol au dessus d’un nid de coucou). Ken qui a souffert, lui aussi, de la perte d’un enfant.
Le récit de Lidia est d’une force exceptionnelle. Il décrit le corps abîmé au plus près des mots, sans chercher à gommer ou nuancer. Les propos sont parfois crus, mais le style de Lidia est aussi une interrogation sur la littérature de genre, écrite au plus près de la vérité du corps féminin sans chercher à romancer ou embellir la réalité. Avancer dans cette lecture, c’est aussi s’interroger sur le pardon, l’oubli. Une scène vous secouera à coup sûr, lorsque Lidia et sa sœur se promènent avec leur père, vieillissant, et qu’un accident se produit…mais chut !
Sachez que vous rigolerez quand même ! Que les péripéties sexuelles de Lidia vous amuseront (ou étonneront selon l’humeur) ! Que ses histoires d’amour rassureront presque les lectrices un peu fleur bleue. Et, qu’au final, si c’est un livre qu’on a du mal à quitter, on le referme avec une vraie tendresse.