Je ne peux que remercier mon amie de lecture, Palamède, pour m’y avoir incitée, car j’y ai pris beaucoup de plaisir. Je pense même que notre éducation littéraire nous les impose trop tôt et nous empêche de les apprécier pleinement, en méconnaissance des expériences personnelles que la vie nous apporte.
Yvan Illitch ou grandeur, vanité et décadence!
En quelques pages d’une concision radicale et brillante, Tolstoi nous déroule en accéléré la chute inéluctable par maladie d’un homme de la bourgeoise russe, face à l’incurie de la Faculté.
Et par son introspection au seuil de la mort, entre rage, espoir de guérison, fatalisme effrayé, regrets et souvenirs, de multiples réflexions tournent en boucle: vanité de la réussite professionnelle, hypocrisie de la société et de la famille, fragilité et solitude extrême face à la maladie et à la souffrance.
Dans sa haine des vivants et sa frayeur de grand départ, Yvan Illitch nous renvoie à nos propres questionnements, au dérisoire d’une vie égoïste, régentée par les codes que nous nous donnons pour mieux paraitre aux yeux d’autrui.
Petit roman d’une grande modernité, dont la redécouverte est un plaisir.