Il est des livres qui vous emportent dans des tourbillons d’émotions, vous bouleversent, vous bousculent, vous violentent, vous allègent. Des romans que vous quittez étrangement apaisés, même s’ils vous ont parfois presque tourmentés. Le dernier opus de Véronique Olmi est définitivement de ceux-là.
Avec La nuit en vérité Véronique Olmi poursuit son exploration de l’humain et de l’intime. Elle évoque avec autant d’élégance que de sensibilité et de force la vie d’Enzo d’un presque-adolescent de douze ans en surpoids qui vit avec Liouba, sa toute jeune maman domestique dans un appartement cossu du 1er arrondissement. Enzo est un enfant touchant, presque à part, comme s’il ne tournait pas tout à fait autour du même axe que tous les adolescents de son âge.
Le quotidien de cet ado pas tout à fait comme les autres, est loin d’être idéal, coincé entre une mère qui s’escrime à survivre et à éduquer avec amour et autant de maladresse un enfant qu’elle ne comprend pas – refusant d’évoquer ce père nié -, et les cours dans un collège pour enfants de bonne famille qui l’ont pris en grippe. Pourtant, malgré les difficultés, malgré les secrets, les non-dits, les brimades, les coups, les brûlures jamais le jeune garçon ne se positionne en victime. Il est mû par une force inébranlable, poussé par le désir inextinguible de connaître l’histoire des siens, de ceux qui l’ont précédé.
L’histoire d’Enzo c’est celle d’une libération intérieure, d’une rencontre que l’on devine fantasmagorique avec celui qui, du fond de la nuit va le guider vers une vérité, sa vérité, vers l’acceptation profonde de ce qu’il est, de ce corps qui – comme il le découvrira dans une magnifique scène de fin ouverte vers bien des possibles – n’est pas qu’un amas de chairs douloureux, un objet de moqueries, mais qui peut tout au contraire être véritablement synonyme de jouissance.
La nuit en vérité est un roman bouleversant tant par sa force narrative que par sa maîtrise de l’intime.Il est parfois nécessaire de poser ce livre, de reprendre son souffle, tant il faiit affluer des émotions intenses. L’une des grandes qualités des romans de Véronique Olmi c’est la résonnance. Cet écho qui lors de la lecture indéniablement nous envahit, une réminiscence de sentiments déjà éprouvés qui vous étreignent, vous malmènent et au final vous apaisent.
La nuit en vérité est un roman aussi lumineux qu’intense, le formidable récit d’une libération intérieure qui fait vibrer, éprouver, ressentir. Un magnifique roman d’une finesse psychologique rare à découvrir…