La pension de la via Saffi
Valerio Varesi

Points
mars 2017
312 p.  7,50 €
 
 
 
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coup de coeur nuit blanche

Passionnante pension

Remarque liminaire : cette chronique et celle des « Ombres de Montelupo » sont particulièrement marquées par la discussion que j’ai pu avoir avec l’auteur ; discussion qui n’a en rien modifié mon avis sur l’œuvre qu’il est en train d’établir mais qui l’a indéniablement enrichi.

Deuxième volet des enquêtes du commissaire Soneri, on retrouve ici les mêmes personnages principaux que dans « Le fleuve des brumes » : Soneri bien entendu, Angela, sa compagne, Juvara, son adjoint. On y retrouve aussi la même atmosphère : Soneri, et le lecteur avec lui, patauge dans le brouillard jusqu’à pouvoir dénouer tous les fils de l’enquête.

Mais l’enquête à proprement parler n’est qu’un prétexte pour Soneri et Valerio Varesi. D’une part pour Soneri qui se perd autant dans les brumes parmesanes que dans les méandres de son passé et de celui, forcément socialement ou politiquement marqué, des principaux protagonistes de son enquête. D’autre part pour Valerio Varesi qui prend l’occasion d’un fait divers pour torturer la société de l’Italie du nord et son commissaire.

La pension de la via Saffi est un vrai fantôme du passé de Soneri (au point de se demander si elle n’en est pas un de celui de l’auteur) : son épouse Ada, décédée en couches, y a vécu ; Soneri a fréquenté les couloirs et les chambres de cette pension et certains des protagonistes ne luis sont pas inconnus, aux premiers rangs desquels feu la tenancière de la pension, Ghitta Tagliavini, assassinée, et sa voisine qui a mystérieusement disparu après avoir tenté de prévenir Soneri du récent silence de la Ghitta finalement retrouvée morte dans sa cuisine.

Mais parmi les fantômes convoqués ici par Valerio Varesi, il n’y a pas que ceux de Soneri. Ceux de la Ghitta et des autres protagonistes, entre passé anarchiste et magouilles immobilières, n’ont rien à leur envier.

Les romans de Valerio Varesi sont avant tout des romans noirs, des romans sociaux, avant même que d’être des romans policiers.

Le commissaire Soneri est un personnage introspectif et ses enquêtes suivent les méandres et les ralentis de ses humeurs et de ses pensées. Ces atermoiements donnent aux romans de Valerio Varesi une atmosphère particulière, un rythme propre auxquels l’enquête se soumet. Cette sensation de ralenti est encore exacerbée par l’omniprésence de la brume parmesane qui obscurcit les rues de la ville et les esprits de tous les protagonistes. Cette brume opère comme une succession de voiles qu’il faut lever ou percer l’un après l’autre. Soneri transperce petit à petit le rideau de faux semblants, met de côté un à un les éléments extérieurs à l’enquête, déterre tranquillement les dessous de son enquête pour offrir au lecteur le tableau complet des tenants et aboutissants du crime sur lequel il enquête.

Des comptes à régler avec leur passé de Soneri et de la Ghitta aux manigances immobilières dénoncées par Valerio Varesi, cette « Pension de la via Saffi » livrera tous ses secrets (sur le crime) ou presque (sur Soneri) dans un roman au ton juste, aux phrases précises, au style éclatant. Bref, vous l’aurez compris, cette pension à tout d’un cinq étoiles !

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