La rue
Ann PETRY

10 X 18
domaine policie
septembre 2018
384 p.  7,80 €
 
 
 
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coup de coeur

COUP DE COEUR

J’ai très envie de partager avec vous mon dernier coup de coeur : « La rue ».

Je venais de terminer « Tant que je serai noire » de Maya Angelou (autobiographique) lorsque j’ai entamé sa lecture. Il y avait une certaine continuité, très intéressante.

Transportons-nous à Harlem dans les années 1940. Là vit la communauté noire : des femmes qui partent très tôt le matin rejoindre les quartiers blancs où elles travaillent comme domestiques, des hommes qui errent toute la journée car ces mêmes Blancs ne leur donnent pas de travail, et enfin les enfants qui dès la sortie de l’école en début d’après-midi sont livrés à eux-même dans la rue.

Lutie, personnage principal de ce roman, est une jeune femme courageuse. Pour que sa famille puisse vivre, elle a accepté un emploi de nourrice chez un riche couple blanc. Elle trime 7j/7j, ne rentrant que de temps en temps pour voir son mari et son jeune fils Bub.

Quand elle s’aperçoit que son mari s’est installé avec une autre femme, elle n’hésite pas et part avec Bub. Elle sera hébergée par son propre père dans un minuscule logement. Pendant 4 ans, le temps de suivre des cours du soir et une formation de secrétaire, Lutie va supporter cette situation.

Lutie a un rêve : louer son propre appartement où elle pourra élever tranquillement son fils. Mais ses moyens financiers sont limités et c’est dans la 116ème rue qu’elle s’installera dans un taudis au 5ème étage d’un immeuble géré par un concierge plus que louche.

L’euphorie des premiers jours d’ avoir trouvé un « chez soi » laissera vite la place à un sentiment d’insécurité : « Oui, pensa-t-elle, elle et Bub devaient quitter la 116ème Rue. C’était une rue pernicieuse, comme les autres rues. Elle n’était pas la seule à lui faire peur. Toutes les rues où les gens étaient entassés comme des sardines dans une boîte. Et il n’y avait pas que cette ville. Dans chaque ville, il existait une ligne de démarcation entre les Blancs et les Noirs. Les Noirs parqués dans la plus petite surface possible, privés d’air et de lumière. »

Dans cette 116ème rue, où pourtant tous les habitants sont logés à la même enseigne, il n’y a aucune solidarité entre les voisins, bien au contraire. D’ailleurs, tout le quartier est sous la coupe d’un certain Junto, sorte de parrain Blanc, qui telle une araignée tisse sa toile autour de la belle Lutie.

Cette dernière va se démener pour tenter de quitter cette rue, résister de toutes ses forces face à ceux qui veulent avoir une emprise sur sa vie.

Je ne vous dirai pas si elle va y parvenir : à vous de lire ce magnifique roman, écrit et publié en 1946, dont la lecture vous prend aux tripes.

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