L'année des volcans
Francois-Guil Lorrain

Editions 84
litterature fra
janvier 2014
379 p.  7,50 €
ebook avec DRM 7,49 €
 
 
 
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Lire l’avis de Bruno Corty (Le Figaro), l’un de nos « critiques invités »

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coup de coeur

L’incroyable histoire d’un trio explosif

Disons-le sans détour : j’ai adoré ce roman !
Alors que je n’en avais jamais entendu parlé, pas plus que de l’auteur, j’ai eu l’occasion de l’avoir entre les mains, j’ai lu la quatrième de couverture et la première page et… je ne l’ai plus lâché ! Ce livre m’a littéralement happée, captivée que j’étais par la personnalité de ses héros et par les invraisemblables péripéties qu’il relatait.

Rome, 1949 : Roberto Rossellini a déjà tourné quelques chefs-d’oeuvre avec Anna Magnani, avec laquelle il entretient une relation aussi passionnée qu’explosive.
De l’autre côté de l’Atlantique, l’une des plus grandes stars de Hollywood, Ingrid Bergman, étouffe dans le carcan de la florissante industrie cinématographique autant que dans son couple. Saisie par la puissance des oeuvres du maître italien, elle se jette à l’eau et lui envoie une véritable déclaration d’amour dans laquelle elle lui fait part de son ardent désir de tourner avec lui.
Ne pouvant sans doute laisser passer une telle occasion, et bien qu’il n’ait qu’une connaissance très vague de l’identité de son admiratrice, Rossellini tourne le dos à Magnani, renonce sans vergogne aux engagements qu’il a pris et part à la rencontre de la vedette.
S’ensuivra l’histoire d’amour que l’on sait, dont naîtront trois enfants et cinq films.

Le récit se concentre sur la période charnière de leur rencontre – des plus rocambolesques – et du tournage de Stromboli, premier opus de leur fructueuse collaboration.
Or le tournage de ce film est une véritable aventure, dont les circonstances et les rebondissements paraîtraient peu crédibles s’ils entraient dans la composition d’un scénario… Et pourtant, à mon grand étonnement, Lorrain, je crois, n’a rien inventé, ou si peu de choses…
Je ne vous révélerai rien de ce qui nous est conté, tant il est jubilatoire de découvrir les uns après les autres les coups du sort, concours de circonstances et autres incroyables partis pris de ces trois monstres sacrés.

Lorrain, en tout cas, excelle à faire revivre cette époque et nous embarque dans un récit au rythme haletant.
Il sait faire de ces icônes des êtres humains à part entière, accessibles, déchus de leur piédestal, mais toutefois dotés de personnalités incroyables par leurs excès, leur théâtralité permanente (Magnani), leur truculence (Rossellini) et la force de leur caractère (Bergman), qui les conduisent à mener leur vie selon leur choix, sans aucune concession, à une époque où chacun de leurs mouvements était scruté et pouvait avoir des conséquences déterminantes sur leur carrière et jusque dans leur existence même. Car ce roman est aussi la peinture d’une époque et d’un milieu ultrapuritains, avec les prémices du maccarthysme.

Bien que rien ne nous soit caché des excès et des défauts de ces monstres sacrés, en particulier ceux de Rossellini, infatigable séducteur et hâbleur, leur profonde humanité, leur immense talent aussi sans doute, ainsi que leur force de caractère nous touchent et nous les rendent profondément aimables. L’auteur sait nous communiquer l’affection qu’il éprouve manifestement pour eux.

J’avoue avoir eu un pincement au coeur au moment, arrivé bien trop vite, de les quitter.

Si vous aimez le cinéma, en particulier celui de l’Age d’or italien, vous vous régalerez de ce livre.
Et si, comme moi, vous le connaissez mal, alors vous le découvrirez d’une manière tout à fait inattendue et vous aurez sûrement comme moi envie d’aller faire un tour dans les salles obscures… Dommage qu’à l’occasion de la parution de ce livre réjouissant, aucun exploitant n’ait eu la bonne idée de ressortir les films dont il relate la création!

Retrouver Delphine-Olympe sur son blog 

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