« Le bleu de la nuit c’est le contraire de l’agonie de la clarté, c’est aussi son avertissement. » C’est le récit d’une femme qui a vu mourir son mari, mourir sa fille, disparaître ses amis, qui se voit changer, vieillir, contrainte de renoncer à une certaine image d’elle même. La condition humaine dans ce qu’elle a de plus tragique. Pourquoi écrire lorsqu’on a tout perdu ? La littérature ne devient-elle pas vaine ? Peut-on exorciser la douleur? Dans « L’année de la pensée magique », Joan Didion évoquait la perte de l’homme aimé et la maladie de sa fille. Depuis Quintana est morte. Sa mère recherche l’enfant puis la femme qu’elle fut, s’interroge sur son rôle maternel. Qu’aurait été la vie sans Quintana ?
Elle incarne nos plus grandes angoisses, questionne l’amour filial, la maladie, la vieillesse, le chagrin, la solitude et le deuil. Cela n’était pas censé se passer comme ça. Et pourtant … Joan Didion raconte l’effondrement sans la chute, le gouffre sans le vide. Les souvenirs l’accompagnent, ne la hantent pas, toujours « garder le cap ». Elle passe de l’ombre à la lumière, de la lumière à l’ombre sans vertige. Presque trop Lucide. « Il y a certains moments de ces premières années avec elle dont je garde un souvenir très clair. Ces moments très clairs, ressortent, reviennent, me parlent directement, par certains aspects me submergent de plaisir, par d’autres continuent de me briser le cœur. »
C’est le récit d’une femme qui affronte le drame en écrivant, les mots deviennent les armes les plus efficaces et au fil des pages, des piliers. Le livre d’une femme écrivain qui survit, avec la plus grande peur, celle de perdre ce qui lui reste.