La rédaction l'a lu
Bienvenue dans ma classeDepuis dix-neuf ans, Dominique Deconinck, « instit ‘ » d’une classe de CE1 dans une petite école primaire, inscrit la date au tableau, accueille les élèves, prépare leçons et exercices, corrige les copies. Du haut de son tabouret de bar, elle observe, surveille, remarque, constate, écoute. C’est elle qui mène la barque, elle le capitaine du navire composé d’une vingtaine de moussaillons de CE1. Chaque journée est une nouvelle aventure, chaque enfant, une vie qu’elle a hâte de connaître, chaque moment, un plaisir à partager. Et en pleine polémique sur la réforme des rythmes scolaires, ce roman résolument optimiste est un petit rayon de soleil. Dans un souci plaisant du détail, cette institutrice énergique raconte absolument tout : ses journées en classe, ses rendez-vous avec les parents, ses confidences en salle des professeurs, ses surveillances en récréation… Sa simplicité de ton nous laisse imaginer avec aisance son quotidien. Invité dans sa classe, le lecteur curieux se délecte des anecdotes et des « perles » des élèves, retranscrites soigneusement à la fin de chaque chapitre. Sans détour, l’auteur nous confie aussi ses « jours sans », ses difficultés à enseigner, son malaise, ses tentatives : parler individuellement à un enfant, tout en gardant la bonne distance, affronter le discours angoissé des parents, se confronter aux paroles sarcastiques de sa collègue… Frustration, quand la leçon n’est pas comprise, inquiétude, quand elle échoue à transmettre. Même après dix-neuf ans de métier, Dominique Deconinck fait des erreurs. Le soir, le métro ramène chez elle une maîtresse parfois découragée: « Les images de la journée m’assaillent, que j’essaie, en vain, de refouler. Je n’ai pas été à la hauteur, je n’ai pas su faire ». Mais a contrario, lorsqu’elle parvient à faire comprendre un point de grammaire à ses élèves, lorsqu’ils participent avec enthousiasme ou qu’elle relit leurs rédactions truffées de détails originaux et de mots tendres, alors, elle jubile. Ses journées sont faites de petites victoires qu’elle partage avec générosité et passion. Les obstacles et les contrariétés, elle les surmonte, envers et contre tout. Sans cesse elle réfléchit, prend conscience, anticipe. Celle pour qui le mot déconnecter reste vide de sens pose une question cruciale : « Y-a-t-il une vie après l’école ? » Les pieds sur terre, elle nous fait aussi découvrir un âge d’or, où les professeurs étaient bien formés et où ils avaient le temps « d’apprendre à apprendre ». Epoque révolue ? Dominique Deconinck, convaincue d’exercer le plus beau métier du monde, a l’audace de croire au changement. A lire ! son interview sur le site du Café pédagogique http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/08/26082013Article635131009622270966.aspx |
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