C’est de la SF (de l’uchronie, pour être précise) dans le sens où Philip Roth imagine que Roosevelt a été battu aux élections de 1941 et que c’est Charles Lindbergh qui est devenu président des Etats-Unis, au terme d’une campagne largement saupoudrée d’antisémitisme. En proclamant, à coup de déplacements où sa figure de héros de l’aviation est fortement mise en avant, que l’Amérique est en paix et n’a pas à se mêler du conflit en Europe, il rallie une forte majorité d’américains qui redoutent évidemment de voir leurs enfants partir combattre. Avec le credo (et l’organisation) « America First », il ne met guère de temps à stigmatiser la population juive (ça va vraiment très vite…)
Notre narrateur est un petit garçon de Newark, il s’appelle Philip Roth et sa famille va littéralement exploser dans ces années plus que troublées : en son sein, elle contient tous les types de réaction à la montée du fascisme.
C’est un excellent roman parce qu’on est en mesure de se glisser dans la perception de tous les personnages, que l’on ressent quasi physiquement la montée de l’angoisse et la panique est à deux doigts de nous submerger, soixante-dix ans après et de l’autre côté de l’Atlantique et qu’on transpose évidemment à tout va. Le long post-scriptum final qui démêle les vérités historiques de la fiction est bien venu, pas facile, même aux plus informés, de faire sans ça la part des choses : l’émotion prend le dessus.